Comment bien choisir un livre pour enfant ?

Que l’on passe à la bibliothèque ou à la librairie, choisir un livre pour son enfant peut s’avérer un vrai casse-tête. Parmi les centaines de possibilités, il faut élire l’ouvrage qui contient le plus de promesses. Parce qu’un livre apporte son lot de réjouissances, esthétiques, émotionnelles, immersives etc., il comble les besoins de l’enfant au cours de son développement psycho-affectif. Quand un parent se met en quête d’un livre pour son enfant, il cherche souvent à éveiller ou entretenir son plaisir pour la lecture. Et cela démarre dès la petite enfance.

De fait, le livre est un outil pour comprendre, apprécier, évaluer le monde. Il est une fenêtre ouverte sur d’autres univers, d’autres modes de pensée et perceptions. Il contribue à enrichir le langage et favorise les échanges interpersonnels tout autant que la réflexion intérieure. Quels critères de choix de livre pour enfants retenir ? Quelles erreurs éviter et quels livres sont les plus adaptés par tranches d’âge ? Voici nos conseils pour vous aider à débusquer la perle rare !

Quels critères pour choisir un livre pour enfants ?

Avant d’entrer dans le détail des critères de choix de livres par âge, voici quelques principes généraux utiles.

Un objet livre attractif

Bien plus que chez l’adulte, l’aspect matériel du livre séduit les jeunes lecteurs. Dans les crèches et espaces bibliothèques pour enfants, les livres sont souvent laissés en accès libre. Lorsqu’on observe les enfants investir les coins lecture, on remarque qu’ils élisent préférentiellement certains ouvrages plus que d’autres. En effet, la forme, le format, l’épaisseur, l’illustration de couverture sont des critères objectifs qui guident leurs choix spontanés. Ensuite, pour que l’intérêt se maintienne, il faut que le feuilletage soit suffisamment attractif et conforme aux attentes du jeune lecteur.

En fonction de l’âge et de l’expérience du livre de l’enfant, les critères de choix ne sont pas forcément les mêmes. D’une manière générale, le jeune enfant apprécie une entrée par l’image. Il peut s’agir d’une illustration de couverture drôle, intrigante ou représentant un personnage déjà connu. Les jeunes enfants vont plus facilement vers des héros qu’ils connaissent et qui les comblent que vers l’inconnu. Ils aiment collectionner les aventures d’un Petit Ours Brun, Popi ou encore T’choupi.

Pour leur faire découvrir un autre univers, la couverture doit immédiatement accrocher leur regard. L’illustration de couverture donne le ton de ce qui n’est pas encore accessible car contenu dans les pages du livre. Elle nourrit l’horizon d’attente du lecteur qui interprète l’image. Grâce à elle, l’enfant sait déjà s’il s’agit d’une aventure, d’un sujet du quotidien, si le héros est humain ou animal etc. En représentant une situation inhabituelle, rocambolesque, émouvante, la première de couverture pique la curiosité des petits. Ainsi, ils ont vite envie d’ouvrir « pour savoir » ce qui se passe.

Un choix de livre qui respecte les goûts de l’enfant

Si votre enfant aime la BD… offrez-lui de la BD ! La bande-dessinée fait partie intégrante de la littérature de jeunesse. Elle développe des univers narratifs aussi complexes que ceux présents dans les romans. Bien qu’elle ne fasse pas appel exactement aux mêmes compétences que la lecture linéaire sans images, la lecture de la BD a ses codes et ses échelles de valeurs que les amateurs connaissent bien. Si votre enfant est un expert de Yakari, Anatole Latuile ou Boule et Bill, il n’y a aucune raison scientifique pour l’en détourner. En revanche, vous pouvez l’aider à aborder des oeuvres de plus en plus complexes, tant graphiquement que narrativement. Sa culture bédéiste lui servira pour lire des volumes plus fouillés et des thématiques variées.

Bien sûr cela n’exclut nullement la possibilité de lui faire découvrir le roman. Afin d’éviter une trop grande appréhension à passer du tout image à aucune, le roman graphique est une bonne solution. Comportant davantage de texte avec une mise en page hybride entre le roman et l’album jeunesse, le roman graphique demeure affilié au rayon BD et en emprunte l’apparence. Il est plutôt réservé aux enfants de 8/12 ans. À titre d’exemple on peut citer la série Les aventures fantastiques de Sacré Coeur (Amélie Sarn, Laurent Audouin, 15 volumes parus, Petit Lézard) ou encore la collection « Contes des cœurs perdus » imaginée par Loïc Clément et illustrée par un artiste différent à chaque volume (9 volumes parus, éd. Delcourt).

Vérifier la conformité avec le niveau de lecture de l’enfant

Le critère de l’âge donne une indication sur le niveau de difficulté d’un ouvrage pour la jeunesse, surtout pour la tranche des 6-8 ans. Les apprentis lecteurs constituent le public le plus délicat à adresser car les enfants n’apprennent pas tous à lire à la même vitesse. Si certains sont à l’aise avec des ouvrages complexes et volumineux, d’autres ont besoin de plus de temps pour se familiariser avec la lecture. Il est tout à fait contre-productif de donner un roman de 100 pages à un enfant qui déchiffre seulement en CP. De la même façon, il faut pouvoir fournir à un enfant bon lecteur des livres à la hauteur de ses compétences et de sa maturité. Ainsi, la règle d’or devrait être de ne pas brusquer les lecteurs débutants et de nourrir ceux qui empruntent déjà les chemins au long cours.

Les indications d’âge sur les livres : critère de choix ?

Le choix d’un livre pour enfant peut être guidé par l’envie de partager une découverte, un coup de coeur. Quel que soit le format – album, BD, documentaire, livre d’art etc. – et quel que soit l’âge des enfants ciblés. Par exemple, les albums de Claude Ponti ou de Gilles Bachelet peuvent être lus aussi bien à 3, qu’à 5 ou 10 ans et plus, tant ils fourmillent de pistes interprétatives.

Jusqu’à 10+, l’indication d’âge concerne les capacités de lecture autonome supposée de l’enfant. Notez que cette indication a tendance à tirer vers le haut, même si on observe une grande variabilité en fonction de la catégorie. Ainsi, les romans de fantasy sont souvent plus longs et plus ardus que les romans réalistes. Il vous faut donc croiser le critère de l’âge avec le genre de l’ouvrage. À titre d’exemple, la trilogie À la croisée des mondes de Philip Pullman, classée 10+, requiert plutôt des compétences de lecture de début de collège (12+).

Au-delà (entre 12 et 15+), la préconisation d’âge prend en compte les thèmes traités et la présence de contenus potentiellement sensibles (violence, suicide, sexe, anorexie…). Tout en restant sous le coup de la loi de 49 sur les publications destinées à la jeunesse, les livres portant la mention 14+ sont susceptibles de contenir des passages non adaptés aux jeunes enfants. Attention donc, si votre enfant lit déjà très bien en CM2 et souhaite accéder à des romans pour plus grands. Mieux vaut vérifier leur adéquation avec l’âge réel du lecteur.

Les bienfaits de la lecture à voix haute

Toutefois, il ne faut pas négliger l’intérêt de la lecture à voix haute de l’adulte à l’enfant. Prônée par Daniel Pennac (Kamo, L’Oeil du loup…) depuis des années, elle est relayée par de multiples initiatives à l’école (Les Petits champions de la lecture) et jusqu’au lycée (Si on lisait à voix haute/ La Grande Librairie). De fait, la lecture à voix haute constitue une formidable porte d’entrée vers la littérature.

Lorsqu’un adulte lit une histoire à un enfant, il module sa voix par des inflexions et intonations qui guident la compréhension du texte. Il suggère ainsi le sens des mots non usuels ou rend plus explicites des situations complexes. Lorsque l’enfant grandit, on peut lui proposer des textes de difficulté croissante et l’initier aux oeuvres majeures du patrimoine écrit.

Finalement, il n’y a pas de limite d’âge à la lecture à voix haute, si ce n’est lorsque l’enfant exprime lui-même le souhait de lire en autonomie. Le plaisir du texte, le goût des mots, se partagent sans limite d’âge ! Répéter les mots du narrateur, ceux d’un personnage, entrer en sympathie avec un texte parce qu’il est drôle, émouvant, incisif ! Lire c’est prendre toutes les libertés : lire pour soi, pour les autres, ensemble, à deux voix, à trois voix. Le choix d’un livre révèle une personnalité, un état d’âme, une façon de voir le monde.

En cela, les « classiques » de la littérature d’enfance sont souvent ceux qui transcendent les générations et qui procurent du plaisir aux parents comme aux enfants. Il suffit de parcourir les albums de Tomi Ungerer (Le géant de Zéralda, Les trois brigands, Jean de la Lune, Émile…) ou encore Anthony Browne (Une histoire à quatre voix, Anna et le gorille, Mon papa…) pour s’en convaincre. Alors pourquoi se priver de ce moment de partage lovés les uns contre les autres lors du rituel du coucher ? En grandissant, l’enfant sachant lire voudra sans doute prendre le relai pour mettre en voix ses passages préférés.

« Ce soir, c’est Papa qui choisit un livre, oui ? — Non !  »Au lit petit monstre de Mario Ramos, l’école des loisirs).

Comment choisir un livre pour bébé ?

Les livres pour les 0-3 ans répondent aux besoins spécifiques des tout-petits.

Robustesse et sécurité de l’objet-livre

Tout d’abord, un bon livre pour bébé se manipule facilement et ne comporte pas de matériaux susceptibles de se déchirer ou de se détacher. L’objet doit pouvoir résister aux assauts des petites mains mais aussi des dents. C’est pourquoi les livres en tissu ont l’avantage d’être ultra résistants et lavables en machine. En outre, les cartonnés épais avec des tirettes conviennent bien également aux bébés à partir de 1 an. Chez les 0-3 ans, nombreux sont les livres éducatifs, c’est-à-dire qui ont vocation à expliciter l’environnement immédiat du bébé.

Les livres sensoriels pour les bébés

Les bébés explorent avec leurs cinq sens. En la matière, les livres texturés font merveille auprès des tout-petits. Associés à une histoire au séquençage simple, ils permettent à l’enfant de suivre le fil narratif du bout des doigts, au sens littéral. Ces livres à toucher sont généralement proposés dans les collections cartonnées à partir de 6 mois ou 1 an.

De même, le sens de la vue est particulièrement stimulé par les contrastes. Les graphismes noirs et blancs aux formes simples attirent l’attention des bébés dès l’âge de 3 mois. Puis les couleurs en aplats viennent compléter la gamme chromatique des bébés. Le travail d’Hervé Tullet (Un livre, Couleurs, chez Bayard Jeunesse) illustre bien cette connivence entre la forme et le sens.

Enfin, les livres sonores initient les jeunes oreilles aux sonorités du monde qui les entoure. Il peut s’agir de bruits familiers (la sonnette de la maison, le klaxon du bus, le chant d’un oiseau, le miaulement d’un chat…). Ces livres aident à acquérir le lexique de base en explorant toutes les caractéristiques de l’environnement proche. En outre, ces livres proposent de découvrir les sons produits par les instruments, ainsi que des extraits de différents styles musicaux et artistes. La musique constitue aussi une entrée dans l’univers des comptines et des contes (La Flûte enchantée, Casse-Noisette, Pierre et le loup, Le petit chaperon rouge). Classique ou contemporaine, la musique participe à la compréhension de l’intrigue et des émotions des protagonistes.

Les premières histoires adaptées aux jeunes enfants

La plupart des livres pour tout-petits racontent des histoires du quotidien qui correspondent à différentes étapes du développement (propreté, sommeil, alimentation, autonomie…) et à l’acquisition de compétences psycho-sociales (colère, dispute, camaraderie, famille…). Entre 1 et 3 ans, les enfants se passionnent pour les aventures de héros qui leur ressemblent. Qu’ils soient sous forme humaine (Léo, Juliette, Zoé princesse parfaite, Sam Sam… ) ou animale (Petit Ours Brun, Miffy, Mini-Loup, Crocolou, T’choupi…), ils parlent tous des préoccupations des tout-petits. Ces livres ont clairement une vocation éducative. Ils tentent de répondre aux questions des enfants de manière ludique, sur un ton rassurant et bienveillant.

Si vous recherchez une plus grande qualité graphique, rendez-vous au rayon albums jeunesse ! N’hésitez pas à feuilleter intégralement l’ouvrage pour vous faire votre propre idée. Votre enfant pourrait-il s’identifier au héros ? Aimerait-il découvrir un nouvel univers graphique ? Ou alors embarquer pour une aventure avec des pirates, des chevaliers, des dinosaures ? Essayez d’alterner avec des albums qui correspondent à ses appétences et d’autres qui le sortent un peu de ses habitudes. Pourquoi ne pas tenter par exemple un album sans texte ? Ils sont un excellent point de départ à un dialogue pour co-construire l’action. L’image invite le parent et l’enfant à décrire ce qu’ils voient et surtout à l’interpréter. Rebondissement, chute inattendue… ces critères narratifs favorisent l’intérêt du jeune enfant.

Enfin, pour ne pas passer à côté des temps forts du livre, lisez-le attentivement avant en tâchant d’identifier les instants clés. Ainsi, vous réussirez d’autant mieux à ménager le suspens, l’effet de surprise et à traduire les différentes émotions des personnages.

Comment choisir un livre pour un enfant entre 3 et 6 ans ?

Pendant ses années de maternelle, l’enfant entretient un rapport très complice avec le livre. Il aime feuilleter seul ses albums et relire inlassablement les mêmes livres pour en explorer toutes les subtilités. Comme il ne sait généralement pas encore lire, ce sont les adultes et les frères et soeurs ainés qui s’en chargent. Le livre occupe une place centrale dans le quotidien des 3-6 ans. À l’école d’abord où l’enseignant lit tous les jours des albums à voix haute. Mais aussi dans le coin lecture, à tout moment de la journée, en solo, à plusieurs, ou avec les parents le matin avant de dire au revoir. À la maison, le livre est également très présent et associé à des rituels plaisir : en rentrant de l’école, après le bain, avant le coucher, etc.

De plus, les enfants aiment aménager un espace avec leurs livres préférés qu’ils relisent lors de temps calmes. S’ils ne lisent pas les mots, ils observent les images et suivent le déroulement de l’histoire dans leur tête. D’où l’importance des illustrations ! Si vous devez choisir un album pour un jeune enfant, misez d’abord sur un coup de coeur pour les images, en évitant une trop grande profusion de détails. Vérifiez ensuite que l’histoire est cohérente. Si le texte est trop descriptif, trop « bavard », l’enfant risque de rapidement s’en désintéresser. Voici quelques critères qui peuvent vous orienter dans votre choix :

• une bonne dose d’humour (les enfants adorent rire, notamment quand ça concerne le registre pipi/caca !) ;
• des rebondissements, du suspens (un des meilleurs moyens de captiver son auditoire) ;
• des situations justes exprimées avec un vocabulaire précis, voire comportant quelques mots rares pour corser la lecture mais sans la surcharger. Les meilleurs albums abordent souvent de façon symbolique les problèmes auxquels sont confrontés les enfants. Ils parlent aussi bien de la naissance d’un petit frère que du décès de papi ou encore du divorce des parents…

• des jeux de langue qui aident à rythmer le texte et exploitent ses sonorités. Au passage, l’enfant développe sa discrimination auditive des sons, dans l’optique de l’apprentissage de la lecture et de l’écriture ;
• des dialogues réalistes (proches de l’univers de référence du jeune lecteur) qui facilitent l’empathie avec les personnages et stimulent l’imagination ;
• des décors familiers ou au contraire taillés pour l’aventure (la jungle, la montagne, la Lune…)…

Si vous cochez plusieurs de ces critères, vous tenez sans doute votre nouvelle pépite entre les mains !

Comment choisir un livre pour les 6-8 ans ?

Sur cette tranche d’âge, la lecture d’album demeure un régal pour les enfants comme pour les parents. D’une part, l’enfant comprend des détails qu’il n’avait pas perçus lorsqu’il était plus jeune. D’autre part, le parent a plaisir à entendre l’histoire racontée par son enfant désormais lecteur. Ce n’est pas parce que l’enfant apprend à lire qu’on ne doit pas lui lire de livres. Bien au contraire ! En effet, les parents tiennent justement ici l’occasion de lire des livres plus longs et plus compliqués que ceux que l’enfant peut lire seul. À cet âge-là, lire réclame un effort de concentration qui dépasse rarement les 20 minutes, en incluant la lecture d’images.

Pour toutes ces raisons, la lecture à voix haute gagne à être poursuivie. Que ce soit pour accompagner l’enfant vers une lecture experte (rapide, fluide et qui fait sens), que pour passer un moment de complicité parent/enfant. Ainsi, le choix d’un ouvrage dépend aussi des conditions dans lesquelles il va être lu. Est-il destiné à une lecture autonome ? Avez-vous prévu de le lire à votre enfant ? Une fois ce premier critère défini, en voici d’autres pour vous aider à choisir un livre pour votre apprenti lecteur.

En lecture autonome

Les critères de choix d’un livre en lecture autonome

Vérifiez la conformité du texte avec les capacités de lecture de votre enfant. Lorsqu’il est au stade du déchiffrage, les phrases doivent être courtes, au présent et dépeindre des actions plutôt que des descriptions. L’image sert de renfort de compréhension en posant un décor et en attirant l’attention sur les difficultés interprétatives. Par exemple, si un personnage est déguisé, le lecteur le reconnaîtra grâce à un détail évoqué dans le texte (des chaussures, un pull rayé, des cheveux frisés…). L’image prédomine sur l’espace de la page. Celle-ci s’équilibre avec le texte à mesure que l’enfant monte en compétence de lecture. Cependant, l’histoire gagne à rester simple afin de valoriser la compréhension du lecteur et lui fournir un niveau d’aisance pour s’attaquer à des textes plus difficiles.

On évalue la difficulté d’un texte en fonction de :

• sa linéarité : les flashbacks par exemple peuvent freiner la réception du texte chez les plus jeunes ;
• son histoire : l’intrigue et son déroulé sont-ils clairement compréhensibles ?
• son expression : procédés littéraires, niveau de langue et de vocabulaire, univers fictionnel proche ou non de l’univers de référence du lecteur…

Choisir un livre de « première lecture »

L’idéal est de débusquer l’accord parfait entre un niveau de lecture adapté et un ouvrage satisfaisant sur le plan littéraire. Nombre d’ouvrages estampillés « premières lectures » sont fades et peu attractifs pour des enfants qui rêvent d’évasion. Néanmoins, les perles rares existent et en demandant conseil à votre libraire ou bibliothécaire, vous serez orientés vers un choix de livres susceptibles de convenir à votre enfant. C’est vous qui trancherez en y associant votre propre inclination conjuguée à la connaissance profonde de votre enfant.

Par ailleurs, si votre enfant est abonné à un magazine jeunesse, il fréquente certainement des personnages récurrents qu’il apprécie. À vous de mener votre enquête pour savoir lesquels ont sa faveur : Anatole Latuile, Tom Tom et Nana, Emile et Margot, Ariol… En général, les enfants aiment posséder quelques volumes pour les relire à leur guise. Ces courtes BD ont l’avantage de se glisser facilement dans un sac à dos et de pouvoir être lues de manière discontinue. Pratique dans une salle d’attente ou pour s’occuper pendant les transports !

Choisir une lecture offerte pour un enfant de 6-8 ans

On emploie le terme “lecture offerte” à l’école pour qualifier une lecture faite par l’enseignant à sa classe. Elle a pour seul but le plaisir des mots sans exploitation didactique. Les enfants se laissent bercer par l’histoire, sans être tenus d’effectuer une tâche écrite ou orale en rapport avec cette lecture. 

À la maison, la lecture à voix haute “offerte” à l’enfant permet  d’aborder des ouvrages très différents. De l’album au roman en passant par la poésie, le livre-jeu, le documentaire et la bande-dessinée ! Vous avez carte blanche pour lire en intégral, picorer ici et là des extraits percutants, des planches merveilleuses, des bulles réjouissantes. Grâce à votre voix, votre interprétation et vos éventuelles digressions personnelles, vous livrez à votre enfant une expérience de lecture originale.

Pour cela, la promenade dans les rayons de la bibliothèque est idéale. Elle permet un vagabondage qui laisse place à l’inattendu, à l’incongru, au démesuré. On s’autorise plus facilement d’emprunter un livre sur les fonds marins, les recettes du monde, un très grand format ou encore une pièce de théâtre. Les bibliothèques donnent accès à des livres coûteux dont nous ne ferions pas nécessairement l’acquisition. Par ailleurs, le choix en bibliothèque peut aussi précéder le choix définitif de l’achat en librairie. Si en lisant un livre emprunté, il déclenche une adhésion immédiate et un désir de relecture, vous pouvez le commander chez votre libraire !

Comment choisir un livre pour enfants entre 8 et 10 ans ?

Nous arrivons à présent à l’âge où les enfants lisent par eux-mêmes et ont des goûts bien tranchés. Certains préfèrent les univers de fantasy, dans la veine d’Harry Potter. D’autres dévorent les romans d’aventure. D’autres encore ne jurent que par la BD et commencent à s’intéresser aux mangas. Cette diversité associée à des penchants marqués ne facilite pas la tâche de choisir un livre ! Concrètement, il devient plus ardu de toucher juste et d’anticiper les besoins de ses enfants.

Si l’enfant aime lire et a déjà une bonne connaissance des collections, le plus simple est de le laisser choisir tout seul. Entre 8-10 ans, il est tout à fait apte à décider pour lui-même. Vous pouvez donc lui allouer une somme ou l’inciter à acheter ses livres avec son argent de poche. Ainsi, vous n’interférez pas avec ses goûts et vous respectez ses choix. Cela ne signifie pas que vous fermiez les yeux sur ses lectures. Au contraire, gardez le dialogue ouvert et incitez-le à parler de ses livres préférés. Lisez pour vous-même un volume d’une saga pour montrer que vous ne dénigrez aucun choix. Votre enfant appréciera votre effort et sera plus enclin à écouter vos suggestions. À cet âge-là, les enfants acceptent encore d’aller vers des livres qu’ils n’auraient pas spontanément choisis.

Ainsi, les parents servent de guide dans la forêt luxuriante du livre jeunesse. Tu as aimé Harry Potter, mais connais-tu Matthieu Hidalf (Christophe Mauri, Gallimard jeunesse) ? Et L’Île du crâne (Anthony Horowitz, Hachette) ? Demandez à vos ainés s’ils ont des conseils de livres à donner à leurs cadets. Bien souvent, les plus jeunes ont à coeur de « réussir » à lire ce que les plus grands ont lu avant eux. En tissant des liens entre les livres, vous aidez votre enfant à entrer en littérature, à faire dialoguer les livres entre eux, à repérer les références intertextuelles. C’est comme dans… ça ressemble à… ça me fait penser à…

Comment choisir un livre pour préadolescents (11+) ?

Si votre enfant choisissait déjà ses livres entre 8 et 10 ans, il n’aura pas de mal à continuer passé 10 ans. En revanche, il pourrait avoir besoin d’être accompagné pour découvrir ses premiers classiques ou choisir des ouvrages contemporains.

Initier les jeunes aux classiques de la littérature

À nouveau, la lecture à voix haute se présente comme l’outil essentiel de la transmission des textes classiques. Évidemment, vous n’allez pas lire l’intégrale de Balzac. Mais pourquoi ne pas choisir les passages les plus emblématiques des monuments de la littérature ? La série Avez-vous lu les classiques de la littérature (Pascale Frey, ill. de Soledad Bravi, Rue de Sèvres), conçue pour le public adolescent, fonctionne comme un répertoire. Chaque volume comprend un résumé en images des romans marquants de la littérature. Il sert de point de départ pour découvrir les auteurs et leurs oeuvres, surtout si on a besoin de se rafraîchir la mémoire ou qu’on manque d’idées.

Dans un premier temps, il peut s’agir de contes (La Belle et la bête de Mme Leprince de Beaumont), de poésie (Jean Tardieu, Jules Supervieille, Andrée Chedid…), de romans bien sûr (d’Arthur Conan Doyle à Albert Camus) et de théâtre. Ce dernier réserve de belles occasions de s’amuser en famille. Avez-vous pensé à jouer une scène de L’Avare (Molière) ou de Docteur Knock (Jules Romains) ou encore la tirade du nez dans Cyrano de Bergerac (Edmond Rostand) ?

Ensuite, vous pouvez commencer à piocher dans votre bibliothèque personnelle et à exhumer vos coups de coeur de jeunesse. Le Grand Meaulnes (Alain-Fournier), Les Quatre filles du docteur March (Louisa May Alcott), Le Petit Nicolas (Goscinny et Sempé), les livres de Colette, Poe et Bradbury, Roald Dahl et Michael Morpurgo… En littérature générale comme en littérature jeunesse, les romans sont foisons. En plongeant dans vos souvenirs, vous retrouverez à coup sûr ces merveilles qui vous ont tant amusés ou émus. Quelle joie de les voir désormais entre les mains de vos petits chéris !

La littérature de jeunesse : un réservoir de lectures variées et de qualité

Par ailleurs, ce serait une erreur de négliger les rayons BD et mangas qui réservent de belles rencontres dans des genres très variés. Vos enfants se passionneront tout autant pour des classiques (Blake et Mortimer, Dargaud), que des créations contemporaines (Les amours d’un fantôme en temps de guerre de Nicolas de Crécy, Albin Michel). Au rayon jeunesse, rendez-vous en uchronie steam punk avec Le Château des étoiles d’Alex Alice (Rue de Sèvres) ou sur les bancs du collège puis du lycée avec Les Cahiers d’Esther de Riad Sattouf (Allary éditions).

De leur côté, les romanciers contemporains s’adressent à la cible des préados en leur concoctant des aventures palpitantes et de grande qualité littéraire. On peut citer au passage Les petites reines de Clémentine Beauvais (roman réaliste) ou encore la récente série Black cloud de Vincent Villeminot (roman fantastique). Des styles et des genres très différents mais qui, par leur verve dynamique et leur cocasserie, accrochent la lecture des jeunes.

Et vous, comment choisissez-vous les livres pour vos enfants ? Si vous voulez partager vos conseils, rendez-vous sur nos réseaux sociaux FB et Instagram !