Enseignante, blogueuse éducation et passionnée de littérature jeunesse, Lauriane a pour leitmotiv la pédagogie active, notamment par le théâtre, et la lecture pour tous. Retrouver tous ses articles
Des cris qui fusent, des cavalcades effrénées dans les escaliers et l’inévitable « MAMAN !!!!! PAPA !!!!!! » indigné. Vous avez certainement visualisé sans peine une scène de dispute entre frères et soeurs. Les conflits au sein d’une fratrie sont fréquents, banals, mais peuvent parfois dégrader le climat familial. Comment gérer les moments de crise et surtout quelles habitudes instaurer pour les prévenir ? Voici 5 astuces pour éviter les lourdes oppositions et gérer les mésententes entre frères et soeurs.
Favoriser la complicité entre frères et soeurs pour éviter les conflits
La première astuce tient du conseil préventif. Pour limiter les embrouilles entre ses enfants, l’une des meilleures astuces est sans doute de les aider à façonner une belle complicité.
Respecter les écarts d’âge tout en ménageant des temps d’activités collectives
Quel que soit l’écart d’âge, les parents ont tout intérêt à trouver un bon compromis entre activités individuelles et collectives. Bien sûr il est important que chacun se sente considéré dans sa singularité et personnalité propre. Le choix des activités extra scolaires dépend de leurs envies et aptitudes. Et plutôt que d’inscrire tous les enfants au judo le mercredi « parce que c’est pratique », il est au contraire fondamental que chaque enfant puisse exprimer ses préférences et domaines de prédilection en toute liberté.
Toutefois, une fois ce principe respecté, ménager des temps d’activités rassembleurs aide à maintenir l’harmonie familiale. Il ne s’agit pas forcément de proposer des jeux de grands aux petits et inversement. Mais l’idée est plutôt de trouver quelles activités peuvent plaire à tout le monde. À chacun d’y ajouter sa touche personnelle, sa contribution.
Les meilleurs activités à faire en fratrie
Parmi les temps forts familiaux réputés pour favoriser détente et entraide, il y a les :
-
- jeux de société coopératifs. On ne joue pas les uns contre les autres, mais les uns avec les autres pour remporter la victoire sur un ennemi commun (le loup par exemple dans Le jeu du loup ou le corbeau dans Le Verger). La compétition et la difficulté à partager les jouets sont souvent des freins à la bonne entente entre frères et soeurs.
-
- jeux d’ambiance et espape games. Là encore, la coopération est de mise et petits et grands ont un rôle équivalent à jouer. Le petit n’est pas relégué à des tâches subalternes et les grands ne s’ennuient pas.
-
- sorties culturelles (monument, cinéma, musée, théâtre, marionnettes…), sportives (escalade, acrobranche, piscine…), de plein air (forêt, lac, mer) avec des structures de jeu adaptées à différentes tranches d’âge. En revanche, les activités manuelles ou artistiques peuvent poser problème aux enfants de nature susceptible. Le grand aura fait mieux que le petit qui jalouse en retour son aîné, voire inversement. Cela se termine rarement bien… Mieux vaut inscrire les enfants à des ateliers séparés où ils ne pourront pas comparer leurs performances entre eux.
-
- goûters et soirées thématiques à la maison (soirée cinéma, fête d’Halloween…). Rien de tel qu’une ambiance de fête pour égayer le quotidien et redonner le sourire aux enfants. Les grands fabriquent des décorations épatantes, les petits se lancent dans la pâtisserie et tout le monde est content et se félicite mutuellement.
-
- activités ménagères. Dès le plus jeune âge, les enfants peuvent accomplir des tâches domestiques simples. Ils rangent leurs affaires tout seuls, passent le balai, assemblent les chaussettes etc. Lorsque vous confiez une « mission spéciale » à vos enfants, ils accordent leurs performances pour relever vos défis. Ils apprennent ainsi à répartir les tâches et à s’organiser entre eux. Le résultat obtenu est le fruit de leur collaboration et ils sont fiers de pouvoir vous épater. Vous remarquerez que l’entrée ludique dans le cas du ménage fonctionne mieux que l’injonction à passer le balai ! Au jeu du « cap’ ou pas cap’ » ils sauront vous surprendre par leurs capacité à coordonner leurs actions. Allez, ce soir vous tentez un « cap’ ou pas cap’ » de mettre la table tous ensemble (les enfants, pas vous qui profitez de votre douche !).
À vous d’enrichir cette liste avec vos activités préférées (la cuisine, le jardinage, l’observation de la nature, les balades à vélo…).
Donner l’exemple parental sur la manière de gérer les conflits
Autre point crucial pour garder sa crédibilité face à des enfants en colère : donner le (bon) exemple. Cela n’est pas toujours facile de se remettre en question, mais souvent les enfants s’inspirent de ce qu’ils observent. Si entre adultes, les disputes fusent et les conflits peinent à trouver une résolution, vos enfants s’inspirent peut-être de ce modèle. Difficile de demander à ses enfants de s’entendre et d’être gentils entre eux lorsque les adultes se déchirent. Christophe André, psychiatre spécialiste de la méditation, explique que la colère ne génère que…. de la colère. Même si la sagesse populaire veut nous faire croire que la colère doit s’évacuer pour sainement disparaitre, dans les faits il n’en est rien.
Au contraire, l’état colérique ne redescend pas après avoir proféré des menaces, insultes ou gros mots. Les nerfs sont toujours à fleur de peau et la situation devient explosive. Ce n’est qu’après des efforts et la volonté de se maîtriser qu’elle quitte petit à petit notre esprit et notre corps. Christophe André confie avoir souffert d’états colériques intenses, hérités du modèle parental. Après avoir longtemps cru sa colère nécessaire, il a réalisé que les comportements physiques et verbaux associés à la colère sont néfastes. En effet, ils sont préjudiciables pour l’estime de soi et pour l’image que l’on renvoie à ses proches. Finalement, la colère est un comportement agressif envers les autres qui découle de l’incapacité à résoudre un conflit.
Partant de ce constat, la gestion des conflits entre frères et soeurs doit s’arrimer à un modèle parental solide. L’enfant doit pouvoir observer comment s’y prendre pour résoudre un conflit : écouter, exprimer ses reproches, établir un terrain d’entente ou un compromis. Une opposition ne doit pas déboucher sur un conflit. Elle peut demeurer une juxtaposition de plusieurs points de vue. Mais elle a besoin d’un aménagement, d’un accord explicite entre les différents partis pour résister au conflit.
Lutter contre l’ennui pour limiter les disputes au sein d’une fratrie
Si l’ennui est source de créativité, il peut aussi générer des situations tendues entre frères et soeurs. En cas de désoeuvrement, les enfants se cherchent plus facilement des noises entre eux. Typiquement en maternelle, lorsque les petits sont « inoccupés » ils commencent à taper, à tirer les cheveux, à renverser les crayons du copain… Chez les plus grands, les mots désagréables s’insinuent entre les lèvres, on allonge un croche-pied, rentre dans le cartable du voisin… Bref l’ambiance a tendance à se dégrader lorsque les enfants ne sont plus encadrés par des consignes. À la maison, cela arrive plus souvent qu’à l’école, lorsque les parents vaquent à leurs occupations, qu’il pleut des cordes depuis le début des vacances etc.
Les parents sont souvent agacés quand l’enfant vient se plaindre qu’il s’ennuie, alors que sa chambre regorge de mille et un trésors délaissés. Lorsque l’ennui contamine l’ensemble de la fratrie, la situation peut vite devenir explosive ! C’est pourquoi anticiper ces temps d’inactivité en proposant plusieurs jeux, sorties, projets au choix permet d’éviter de violents conflits au sein de la famille. Lorsqu’un long week-end s’annonce, réunissez vos enfants pour leur demander ce qu’ils aimeraient faire. Et organisez avec eux le planning des activités. Nul besoin de tout programmer à la minute. La simple perspective d’être occupé de manière attractive (un spectacle, une sortie, une mini fête…) leur suffira. Ils apprécieront d’autant plus les temps de jeux au calme dans leur chambre.
Rester neutre et inciter à une résolution autonome des conflits entre enfants
Une erreur fréquente consiste à prendre la défense de l’un de ses enfants face à un autre. Soit parce qu’on estime qu’il a raison, soit parce qu’il est plus petit et qu’on pense qu’on doit le protéger. Pourquoi est-ce une mauvaise idée ? Tout d’abord, l’enfant en faute se sentira immédiatement moins aimé et en gardera de la rancoeur, ce qui accentuera sa mésentente envers son frère ou sa soeur.
Ensuite, il est important que le plus jeune apprenne à composer avec ses aînés pour se faire accepter et respecter. En prenant systématiquement le parti du plus jeune, on court le risque de le victimiser et de lui ôter ses capacités de résilience. En cas de conflit grave, il est recommandé de passer par un professionnel de la santé mentale. En effet, l’intervention des parents ne fait souvent qu’envenimer une situation déjà explosive. Si vous avez le sentiment que l’un de vos enfants subit des mauvais traitements de la part d’un de ses frères ou soeurs, il faut immédiatement consulter. Il est fondamental de mettre en place une prise en charge pour stopper au plus vite cette déviance.
Faire respecter les règles familiales et développer les compétences psychosociales
Sans prendre parti pour un enfant ou un autre, le parent rappelle les règles de la maison et sert de médiateur. « Il n’a pas à prendre ton jouet, mais tu ne dois pas le taper ». Toute dispute a une cause et laisser chacun exprimer ses griefs permet de ramener l’équilibre. Les parents montrent l’exemple en gardant leur calme et en donnant la parole à chacun. Ils invitent leurs enfants à communiquer leurs sentiments, car il est fondamental qu’ils se sentent écoutés et compris.
La famille est le lieu d’apprentissage de la vie en communauté. Les différends sont des occasions pour les enfants de développer leurs compétences psychosociales : savoir écouter l’autre, savoir s’exprimer avec des termes neutres, faire preuve d’empathie. Les facultés de communication des enfants leur assurent une meilleure entente dans la fratrie. Elles s’acquièrent grâce à une gestion efficace des émotions.
De multiples activités permettent aux enfants d’apprendre à gérer leurs émotions. Ainsi, les parents gagnent à favoriser les activités calmes et les temps de réflexion et d’auto-critique. Par exemple, les exercices respiratoires contribuent de manière simple et accessible à faire retomber la colère. De même, la relaxation, le yoga et la méditation apportent aux enfants des outils pour mieux gérer les disputes.
Les relations fraternelles connaissent immanquablement des épisodes orageux. Souvent causés par la jalousie, les conflits entre frères et soeurs impactent parfois l’harmonie familiale. La tension monte, les parents se fâchent et les disputes éclatent à la moindre anicroche. Afin de revenir à un climat apaisé, quelques principes ont fait leurs preuves. Écoute, dialogue, neutralité, gestion des émotions, ces compétences psychosociales aident à surmonter les différends au sein de la fratrie. Ils sont un préalable à la résolution des conflits, tout comme le modèle parental et la complicité forgée sur la joie et l’entraide au quotidien.
Si vous avez des idées pour gérer les conflits entre frères et soeurs, rendez-vous sur nos réseaux sociaux FB et Instagram pour les partager !