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La période du « non » chez l’enfant : opposition et affirmation

période du non chez l'enfant

Ce ne sont pourtant que trois petites lettres assemblées en palindrome, mais formulées avec autorité par l’enfant, elles peuvent faire trembler les murs. “Non”, ce mot bref et souvent impérieux cingle les oreilles des parents du matin au soir pendant la fameuse période du non. Ah non, je ne mettrai pas mes chaussettes ! Non, je ne mangerai pas les brocolis ! Non, je n’irai pas à l’école… La liste des oppositions des tout-petits est si longue qu’elle épuise la patience des parents les plus aguerris.

 Pourquoi les enfants passent par ce stade de négation systématique ? Comment la période du non favorise-t-elle le développement ? Quelles stratégies adopter pour supporter cette phase et accompagner au mieux son enfant ? Que vous y soyez déjà passés ou que vous appréhendiez d’y être bientôt confrontés, un peu d’éclairage sur cet agaçant et presque mystérieux phénomène ne manquera pas de vous intéresser. Alors, c’est OUI pour vous ?

Qu’est-ce que la période du non chez l’enfant ?

Vous l’aurez compris, la période du non chez l’enfant est une période d’opposition. Il ne s’agit pas d’un simple non isolé mais d’un non systématique, même pour des choses plaisantes ou appréciées jusque-là.

À quel âge l’enfant passe-t-il par la période du non ?

Comme pour toute question liée au développement de l’enfant, il n’est pas possible ni souhaitable de désigner un âge précis. Cette période est variable d’un enfant à l’autre, sans que cela préjuge de sa personnalité future. Ainsi, elle peut démarrer dès 18 mois et ne s’achever que vers 3 ans, voire plus tard. L’enfant sort du stade du nourrisson, il commence à se déplacer de manière autonome et à s’exprimer avec des phrases de plus en plus élaborées.

Parallèlement à ces acquisitions fondamentales de la motricité et du langage, la construction psychique de l’enfant passe par différentes phase d’intégration et d’opposition. En formulant un non bien audible et compréhensible de son entourage, l’enfant cherche à rompre le lien de dépendance à l’adulte et à éprouver les sentiments de ses proches.

Signes et comportements observables pendant la période du non

Le oui et le non font partie des premiers mots compris et répétés par les bébés. Ils encadrent la communication de base entre individus et s’alternent naturellement en fonction des situations. Pour reconnaître la période du non, il ne s’agit donc pas d’identifier le premier non de l’enfant mais plutôt d’en relever la fréquence inhabituelle… et incongrue ! Aux demandes ordinaires parentales concernant la propreté, l’alimentation, le sommeil et les activités quotidiennes, l’enfant oppose un refus systématique. – Mets ton bonnet, il fait froid/ – Non. – Viens prendre ton bain ! – Non. – Veux-tu que je te lise une histoire ? – Non. Le nombre d’exemples ne manque pas !

période du non enfant qui refuse de manger
©Canva Pro

Par ailleurs, le refus peut vite déraper en grosse colère. L’enfant pleurniche, se raidit, reste inflexible et sourd à toute parole. Il rejette l’aide et les tentatives de conciliation. Son non est impérieux, agressif et parfois hurlé toutes veines dehors. Dans les versions les plus impressionnantes, l’enfant se roule par terre devant la rayon bonbons ou s’accroche au banc du parc pour rester près du bac à sable.

Les raisons derrière le comportement oppositionnel

Mais pourquoi tant de violence et de négativité quand un dialogue serein pourrait dénouer bien des conflits ? C’est justement parce qu’il manque de vocabulaire et de moyens langagiers pour s’exprimer que l’enfant recoure à la force du non pour marquer son opposition. L’incapacité à exprimer la complexité de ses émotions le conduit à trancher pour un non catégorique. En particulier, les situations réclamant de différer ses besoins et envies engendrent une frustration qui ne sait pas s’exprimer et finit en colère.

Par ailleurs, chez des enfants plus âgés, le non est un moyen de s’affirmer. Refuser d’obéir devient une occasion de dire « je ne ferai comme tu m’as dit, mais comme moi je l’ai décidé ». L’état fusionnel parent/enfant qui prévaut dans les premiers mois de vie diminue à mesure que l’enfant gagne en autonomie. Mais son besoin d’indépendance ne coïncide par forcément avec ses aptitudes langagières. C’est dans cette marge d’incertitude que l’enfant va justement développer ses compétences psycho-sociales et affectives.

En quoi la période du non est-elle utile au développement de l’enfant ?

En effet, la période du non est une phase normale qui donne la possibilité à l’enfant de poursuivre son développement psychique.

Tester les limites avec le non

Dire non à l’adulte c’est avant tout observer ses réactions. Que va dire maman si je refuse de me laver les dents ? Comment réagira papa si je ne veux pas enfiler mon pyjama ?

De fait, l’opposition d’un enfant peut prendre plusieurs aspects et plusieurs degrés. Certains capituleront rapidement au premier haussement de sourcil, d’autres réclameront une attention plus soutenue et une rigueur inflexible. Dans le second cas, la punition ou la mise à l’écart (time out) peuvent s’avérer de bonnes solutions pour faire respecter les règles familiales. En revanche, le refus passif par mutisme ou immobilité pose parfois davantage de problème aux parents. Bien souvent le calme et l’absence de surenchère suffisent à désamorcer une crise d’opposition.

opposition enfant rayon supermarché
©Canva Pro

En effet, les jeunes enfants n’ont pas une connaissance innée des règles et c’est en s’y confrontant qu’ils parviennent à les intégrer. Comment connaître la valeur d’une règle et même sa fonction principale sans s’y frotter ? Certes, une seule confrontation n’est souvent pas suffisante et on considère qu’il faut en moyenne trois occurrences pour qu’un enfant intègre et respecte une limite.

S’opposer pour communiquer ses émotions

Finalement, lorsque l’enfant exprime son opposition par le non, il exprime différentes strates de sens. En fonction de l’âge de l’enfant, il est important de savoir les interpréter pour distinguer les refus de principe des refus « légitimes ». C’est bien là toute la difficulté pour les parents : prendre en compte le non lorsqu’il exprime un besoin. Par exemple, un enfant pourra refuser de porter son chapeau de soleil parce qu’il lui tient chaud, ou encore refuser de mettre des chaussettes parce qu’elles grattent.

Lors de la période du non, les parents apprennent à faire le tri dans un flot d’informations lacunaires, voire contradictoires. En tant qu’éducateurs, les parents ont justement pour rôle de demeurer à l’écoute des sensations et émotions de leurs enfants. De fait, ils demeurent les experts et seuls juges capables de décoder les comportements et de distinguer l’expression d’un mal-être d’une contravention à la règle.

En discutant avec eux dès le plus jeune âge pour les aider à mettre des mots sur leurs émotions et verbaliser leur ressenti, les parents font de cette phase du non une période riche en apprentissages psycho-affectifs. Cette phase d’opposition intervient en pleine explosion langagière. Chaque jour l’enfant apprend de nouveaux mots, ainsi que des nouvelles catégories lexicales et syntaxiques. Son vocabulaire se développe rapidement et lui permet de participer davantage aux conversations, aux choix du quotidien. En s’opposant, il réclame de mieux comprendre certaines situations et manifeste sa frustration, son mécontentement mais aussi sa joie.

Développer l’autonomie et les compétences sociales pendant la période du non

Lors de la période du non, l’enfant clame son individualité haut et fort. La résistance qu’il rencontre lui montre qu’en face aussi d’autres volontés s’affirment. La répétition des confrontations lui permet de confirmer et de diversifier son répertoire de relations interpersonnelles. Ainsi, il acquiert de multiples compétences psycho-sociales telles que la négociation, la diplomatie, la résolution de problème, l’empathie. À condition bien sûr de faire des situations d’opposition des moments d’apprentissage.

L’adulte fixe des limites précises auxquels il ne déroge pas, mêle s’il reste à l’écoute et flexible. Pour chaque situation, il apporte des solutions, des « itinéraires bis » qui respectent le point de vue de l’enfant tout en l’orientant vers une option acceptable. À un enfant qui ne veut pas quitter le parc, on le rassurera sur le fait qu’on y retournera le lendemain. On détournera son attention vers une autre activité. Et parfois on le portera dans nos bras en lui expliquant qu’une prochaine fois il sera possible de rester plus longtemps mais qu’aujourd’hui mamie vient déjeuner avec nous.

période du non et autonomie enfant
©Canva Pro

Par ailleurs, la période d’opposition marque également les débuts de l’autonomisation de l’enfant, à travers la marche et la propreté. Aux alentours de 2/3 ans, les enfants commencent à se percevoir comme des individus distincts avec leurs propres désirs et préférences. Dire « non » leur permet d’affirmer cette individualité. En outre, la réaction des éducateurs conditionne leur gestion de la frustration. Par exemple, en Petite Section de l’école maternelle, les enfants apprennent à parler après avoir levé le doigt, à se ranger par deux en silence, à respecter le sommeil des autres pendant la sieste etc. Les rituels, comptines, jeux de doigtstemps calmes et lectures offertes rythment la journée et apportent un cadre stricte et rassurant dans lequel l’enfant apprend à différer ses besoins et à réguler ses envies.

Quelles stratégies pour gérer la période du non ?

La période du non concerne la grande majorité des enfants, avec des variations d’âge – entre 1 an et demi et 3 ans et demi – et de durée – de quelques mois à un an. Bien souvent, des crises d’opposition surviennent par périodes de quelques jours et se reproduisent dans le temps à intervalles plus ou moins réguliers. Ces épisodes correspondent à des phases d’intégration. De nouvelles situations apportent leur lot de questionnements et de réactions/contre-réactions. Pour faire face à ce qui prend parfois l’allure de montagnes russes, certaines stratégies ont fait leur preuve.

Rester calme et patient face aux refus de l’enfant

Cela pourrait être le mantra principal de toute éducation : calme et patience. Parce qu’en gardant la propre maîtrise de ses humeurs, on aide son enfant à se contrôler. Et parce l’éducation des enfants s’inscrit dans la répétition, il faut être capable de dire et redire sans crier pour maintenir sa crédibilité.

Toutefois garder son sang-froid n’est pas forcément une compétence parentale naturelle. Un parent peut avoir lui aussi du mal à gérer ses propres émotions. La bonne nouvelle c’est qu’il existe plusieurs moyens d’arranger ses propres travers pour devenir le parent que l’on voudrait être. Cela passe par exemple par des exercices de respiration profonde, de la relaxation, du yoga, de la méditation pour apprendre à relativiser et à lâcher prise. De même, il est primordial d’être convaincu par ce qu’on fait et dit et surtout par les règles que l’on édicte pour vivre ensemble en famille.

Limiter les choix pour débloquer une situation conflictuelle

Afin d’aider l’enfant à dépasser son opposition et sortir d’une situation de blocage, une technique souvent imparable consiste à lui donner le choix entre deux, maximum trois possibilités. C’est une manière de dévier son attention du sujet de résistance. Mais c’est aussi contribuer à un sentiment contrôle et de sécurité affective. Il n’est pas un objet ou une machine qui obéit, mais qui pense par elle-même et qui prend des décisions. Il ne s’agit pas de contourner la règle mais plutôt de la faire appliquer différemment.

préserver le dialogue avec son enfant durant la période du non
©Canva Pro

Par exemple en maternelle, des petits jeux permettent un retour au calme. Au lieu de demander aux enfants de faire silence, le maitre ou la maitresse entonne une comptine, une chanson qu’elle associe à quelques gestes simples. Les enfants comprennent qu’ils doivent se taire, sans qu’il soit besoin de le verbaliser. L’intérêt de faire silence peut être évoqué à un autre moment, en séance de langage. En plein brouhaha au retour de récréation, il est bien plus efficace de lancer un jeu du silence que d’intervenir avec long laïus sur les bienfaits du calme. Dans ce cas, l’enfant est confronté à deux choix : continuer de faire du bruit ou faire la locomotive silencieuse en s’accrochant aux épaules du camarade de devant.

Prenons l’exemple de l’heure du bain. Au moment où l’enfant est censé aller se laver, il s’enferme dans sa chambre et se fâche. Il prétexte un jeu non terminé pour refuser d’obéir. Comment atteindre l’objectif parental sans négocier des heures ? Une méthode efficace consiste à modifier légèrement son objectif. Mais tu devais te laver les cheveux ce soir ! Soit tu les laves maintenant, soit c’est demain, mais par contre il y a obligatoirement une douche ! Que va choisir l’enfant ? La douche bien sûr. Mais que faire le lendemain ? On peut proposer d’ouvrir un salon de coiffure éphémère et demander à l’enfant de se composer des têtes rigolotes avec les cheveux mouillés dressés sur le crâne. Je te lave les cheveux et je les sèche tout de suite ou on en profite pour faire des coiffures bizarres ?

Établir des limites éducatives claires et cohérentes

Même si l’enfant entre en opposition systématique, les règles doivent être maintenues. C’est justement la permanence de la loi qui en fait un repère. Elle est la même partout et pour tout le monde. Que l’enfant cherche à la contourner n’y change rien. Si vous avez interdit les chaussures dans votre maison, votre enfant doit les retirer, même si elles sont neuves et qu’il veut constamment les admirer. Proposez-lui de garder la boite et de les ranger dedans dans sa chambre, afin de respecter le fondement hygiénique de la règle.

Pour plus de visibilité et pour éviter de vous répéter, vous pouvez afficher les règles principales dans votre logement. Votre enfant peut ajouter sa touche personnelle à l’affiche en la décorant avec des gommettes ou quelques traits de couleur. Les enfants plus grands pourront d’ailleurs illustrer le règlement et signifier ce qui est interdit et ce qui est autorisé grâce à un code visuel.

période du non poser les limites à l'enfant
©Canva Pro

De fait, la cohérence et la clarté des règles sont fondamentales pour créer un référence stable à laquelle se référer. Pour se construire, l’enfant a besoin de repères, de limites qui contribuent à sécuriser son environnement matériel et immatériel.

Encourager la communication et maintenir le lien pendant la phase d’opposition

Parallèlement à la formulation claire de la règle, il est fondamental de favoriser l’expression des sentiments de l’enfant. Lorsqu’il s’enferme dans le non, essayez de renouer le dialogue en lui posant des questions sans être fâché. Montrez-lui que vous acceptez qu’il soit en désaccord, même si vous n’accèderez pas forcément à sa demande. Il s’agit de maintenir le lien, de conserver la confiance de votre enfant pour parvenir à sortir de l’impasse. Si vous entrez en conflit avec lui, vous lui donnez raison de s’opposer puisque vous faites de même.

Or, il faut que votre enfant distingue clairement une opposition relationnelle d’une opposition légitime. Qu’il soit d’accord ou non, traverser la rue sans donner la main demeure dangereux. Expliquez-lui que vous comprenez son envie d’indépendance – traverser comme un grand – mais que votre rôle est de le protéger et que vous ne pouvez pas l’y autoriser. S’il veut rejoindre le trottoir d’en face, il devra attendre que vous lui donniez le feu vert.

Favoriser le renforcement positif pour préserver la relation parent/enfant

Lors de la période du non, les parents ont aussi l’impression de dire toujours non et d’interdire du matin au soir. Cela peut être frustrant pour un parent qui peut avoir le sentiment de s’enfoncer dans un rapport de force. Pour casser cette spirale, rien de tel que des félicitations et encouragements délivrés à propos. Le renforcement positif vient conforter l’enfant dans l’idée qu’il grandit et qu’il est capable de faire plein de choses.

temps de partage parent enfant
©Canva Pro

Ainsi, certains parents ont recours aux cadeaux émotionnels pour gratifier leurs enfants dans leurs bonnes actions. Il a débarrassé son couvert. Elle s’est servie de l’eau sans renverser. Ils ont réussi à jouer à un jeu de société sans se disputer ? Tous ces comportements méritent d’être salués et l’enfant ressent de la fierté à être ainsi complimenté. Ainsi, il hésitera avant de fermer la porte au dialogue derrière un non péremptoire. La qualité du temps passé avec son enfant constitue bien souvent une récompense : jeux, lecture, sorties ludo-éducatives et sportives, jardinage, cuisine etc. Rien de tel pour atténuer le climat conflictuel de la période du non !

Quelques astuces de parents pour bien vivre la période du non

De nombreux podcasts de parentalité s’intéressent à la période du non et proposent leurs propres astuces. En voici une petite liste où piocher quelques idées :

  • Les parents parfaits, ça n’existe pas !
  • Caroline Goldman – docteur en psychologie de l’enfant
  • Parents heureux, enfants heureux
  • Famille complice, le podcast qui fait grandir les parents
  • 1, 2, 3 pépites de Céline Ferrary
  • Histoires de darons de Fabrice Florent ;
  • Cool parents de Charlotte Ducharne ;
  • Papas poules par Vincent, Florian et Jérémie.

Comment ça se passe chez vous ? Vos enfants sont-ils déjà passés par la période du non ? Si vous avez des astuces à partager, rendez-vous sur nos réseaux sociaux FB et Instagram !

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