Enseignante, blogueuse éducation et passionnée de littérature jeunesse, Lauriane a pour leitmotiv la pédagogie active, notamment par le théâtre, et la lecture pour tous. Retrouver tous ses articles
Nées vers 1880 en Suisse, les colonies de vacances avaient vocation à aérer les petits citadins des quartiers populaires. D’abord conçues sous forme de séjours à la ferme, les colonies ont peu à peu diversifié leur offre et se déclinent aujourd’hui en thématiques sportives, culturelles, voire linguistiques. Quels sont les avantages et inconvénients de ces séjours pour enfants ? Comment faire pour qu’ils se déroulent dans les meilleures conditions ?
Les avantages des colonies de vacances
Les colonies de vacances rassemblent de nombreux avantages pour occuper utilement et intelligemment les enfants pendant les vacances scolaires. Elles sont parfois l’unique occasion de voyager, lorsque la famille ne part pas ou lorsque les parents travaillent.
Détente et loisirs : le plaisir pur des vacances en colos !
Les colonies de vacances embarquent les enfants dans une aventure collective pleine de découvertes. La plupart d’entre elles concoctent des programmes qui équilibrent détente et sport. Les enfants pratiquent aussi bien le land art en forêt que le canoë kayak. Le mot d’ordre est de se déconnecter de la routine scolaire et d’occuper ses journées entre les locaux du centre, les parties extérieures aménagées et les excursions avec activités ludiques, sportives et culturelles.
En fonction des régions et des reliefs, les activités varient mais aussi les thématiques. Au bord de la mer, les moniteurs qualifiés initient les enfants aux sports nautiques, à la pêche à pied, au char à voile, à l’écologie marine… En montagne, ils expliquent les reliefs, les roches, la faune et la flore, le maniement du VTT ou les rudiments de l’escalade sur paroi.
Ainsi, grâce aux colonies de vacances, les enfants accèdent à des activités qu’ils n’auraient jamais pratiquées sur leur lieu de résidence. À la découverte de nouveaux paysages et du patrimoine local, les enfants oublient le stress de l’école et la course perpétuelle entre les devoirs et les activités périscolaires. De quoi requinquer le moral et repartir sur des bases plus sereines à la rentrée. Voir le monde autrement, dans toute sa diversité et sa richesse, relativiser ses problèmes, s’ouvrir à d’autres façons de voir et de faire…
Autonomie et confiance en soi : la philosophie des colonies de vacances
Loin de la maison et des parents, les enfants développent leur autonomie. Ils apprennent à s’organiser, à gérer leur temps, à respecter les horaires collectifs pour pouvoir profiter un maximum des activités proposées. Dès le matin, l’enfant choisit ses vêtements et s’habille tout seul. Il découvre les saveurs du terroir : les galettes bretonnes, le gratin dauphinois, la ratatouille provençale… Il participe à la préparation des repas, met la table et débarrasse, est autonome pour se laver et se brosser les dents. Les plus jeunes mangent comme des grands et apprennent à s’endormir tout seul.
De même, les découvertes culturelles et activités ludiques favorisent l’autonomie. Par exemple, les enfants apprennent de nouvelles règles de jeux de société ou jeux sportifs. Ils s’organisent pour jouer en groupes ou se répartir des tâches ménagères et font appel à la coopération pour résoudre des problèmes. Untel prêtera son tube de dentifrice à celui qui a perdu le sien, tandis que ce dernier lui fournira un paquet de mouchoirs. L’entraide fonctionne à plein régime en l’absence des parents et pousse les enfants à être plus autonomes, à trouver des solutions par eux-mêmes et dans un cadre collectif.
En se sentant utile aux autres et en premier lieu à lui-même, l’enfant prend confiance en lui. Il ose davantage et accepte de relever des défis. Il va tenter un parcours accrobranche ou avec des échasses, s’élancer en roller ou en vélo, prendre la parole dans un spectacle etc. De quoi être fier d’avoir essayé et pourquoi pas réussir une prouesse ! En outre, lors des diverses activités, l’enfant forge de nouvelles amitiés qui contribuent à son épanouissement et élargissent son expérience émotionnelle.
Socialisation et compétences sociales : des apprentissages phares en colonie de vacances
En étant au contact d’autres adultes et enfants de tout âge, en dehors de son cercle habituel, l’enfant s’ouvre au monde. De fait, la socialisation accompagne le développement de l’enfant dès le plus jeune âge. Les colonies de vacances sont une occasion de poursuivre les acquisitions dans ce domaine. À travers de multiples situations, l’enfant prend conscience de son rôle et de sa valeur dans le groupe.
En effet, chacun peut trouver sa place et être utile aux autres dans divers domaines de compétences, notamment celles qui sont peu sollicitées à l’école. Il s’agit des compétences douces (soft skills), appelées aussi compétences psycho-sociales. On y trouve le sens de l’organisation et des responsabilités, la faculté à coopérer et à résoudre des problèmes, mais aussi la capacité à communiquer, l’empathie, la gestion des émotions etc.
L’acquisition de ces compétences comportementales renforce l’autonomie mais aussi la confiance en soi. Et surtout, ce sont des facultés adaptables à de multiples situations et qui seront utiles tout au long de la vie.
Richesse des activités et séjour « sans écran »
Envoyer son enfant en colonie de vacances c’est aussi l’inciter à renouer avec un cadre de vie plus sain. Face à l’augmentation des usages numériques, les vacances en plein air constituent une pause loin des écrans et des technologies. Désormais les dangers de la surexposition aux écrans sont bien connus. En colonies de vacances, les enfants découvrent la vie sans télévision et sans ordinateur. Ils sont constamment occupés à monter une tente, seller un poney ou faire des jeux sportifs sur la plage. Le soir, les veillées apportent leurs lots de réjouissances : astronomie, jeux de société, karaoké, boum… les distractions ne manquent pas ! Et les enfants adorent !
Plus spécifiquement, les séjours collectifs proposent souvent de nombreuses activités sportives. Soit à travers des jeux collectifs classiques (balle au prisonnier, balle américaine, olympiades…), soit à travers la découverte d’une discipline. Les enfants plus âgés voudront sans doute en profiter pour se perfectionner dans leur sport préféré : équitation, tennis, planche à voile… Certains centres proposent en effet des séjours sportifs sur mesure. Par ailleurs, les plus jeunes apprécieront la diversité des activités, « essayer » étant le mot d’ordre pour se forger une palette d’expériences variée. Et pourquoi pas trouver son activité périscolaire pour la rentrée ?
Environnement sécurisé et encadré
Que la colonie de vacances soit une société ou une association, rattachée ou non à un service public (mairie), un directeur diplômé la dirige. Celui-ci possède soit le BAFD (brevet d’aptitude aux fonctions de directeur), soit le DEJEPS (diplôme d’état de la jeunesse, de l’éducation populaire et du sport ). En outre, il recrute préférentiellement des animateurs titulaires du BAFA (brevet d’aptitude aux fonctions d’animateur).
Ces différents niveaux de qualification garantissent le professionnalisme des personnes qui interviennent auprès des enfants. Les séjours en colonies de vacances sont donc encadrés par des professionnels de l’animation jeunesse et sport. Et les centres sont dirigés par des personnes compétentes en termes de normes de sécurité, d’accueil et d’hébergement de mineurs.
Quels sont les inconvénients des colonies de vacances ?
Malgré toutes les qualités des colonies de vacances, certains aspects peuvent être défaillants ou inadaptés à certains profils d’enfants.
L’angoisse de la séparation
En fonction de l’âge et du caractère de l’enfant, une séparation de plusieurs jours du cadre familial peut avoir des effets anxiogènes. Si l’enfant est timide, apprécie la solitude et a besoin de conserver sa routine, il peut ressentir de la peur et de l’instabilité. Le système collectif de la colonie, associé à l’éloignement géographique, met en difficulté certains enfants. Loin de s’acclimater, ils vont se renfermer et passer un séjour désastreux. C’est fréquent chez les moins de 6 ans, mais les plus grands y sont aussi sujets.
Bien sûr les animateurs ont l’habitude des enfants timides. Ils ont des techniques pour les faire sortir de leur coquille et les mettre à l’aise. Mais il arrive que certains enfants y soient hermétiques et que le courant ne passe décidément pas… Sous l’effet du stress, ils peuvent présenter des symptômes psychosomatiques, tels que des démangeaisons, des nausées, des maux de tête, des douleurs abdominales, des troubles du sommeil (insomnie, cauchemars…).
De fait, le changement d’environnement et de routine génèrent un sentiment d’insécurité. Dans ces conditions, l’enfant ne peut pas profiter de son séjour. Il réclame constamment d’appeler ses parents et refuse de participer aux activités ou de se lier d’amitié avec les autres enfants.
Une bonne façon de tester les envies et besoins de votre enfant est de commencer par des activités à la journée dans un club de vacances (club de plage, activités touristiques pour enfants encadrées par des moniteurs, kid’s club…).
Risque de mauvais encadrement en colonie de vacances ?
Les colonies de vacances font face à deux difficultés : la baisse de fréquentation et la pénurie d’animateurs qualifiés. En 2023, le nombre de jeunes diplômés du BAFA s’est haussé à 49 800 (source jeunes.gouv.fr), sans retrouver son niveau d’avant COVID (54 800 en 2016). En cause, le coût de la formation, la rémunération et une baisse de motivation pour ces métiers à responsabilité. Or, même s’il n’est pas obligatoire, le BAFA est souvent exigé lors du recrutement.
Ainsi, la réglementation stipule qu’il faut un « animateur pour 8 enfants âgés de moins de 6 ans et un animateur pour 12 enfants âgés de plus de 6 ans » (source savoie.gouv.fr). Ce taux est parfois difficilement atteint et la pénurie de personnel qualifié est alors compensée par des recrutements de personnel peu formé. Or, le métier d’animateur repose sur des méthodes et habiletés spécifiques pour garantir la sécurité et l’épanouissement des enfants.
Par ailleurs, le secteur se trouve face à un cercle vicieux. Ainsi, la baisse de fréquentation des séjours de vacances pour enfants entraine une baisse de recrutement qui elle-même induit une baisse de candidats qualifiés. Cependant, l’année 2022-2023 a montré une évolution favorable avec 1,33 million de départs d’enfants ou d’adolescents, se rapprochant ainsi des 1,43 million enfants partis en 2018-2019.
Risque de blessures en colonies de vacances
Le défaut d’encadrement induit un risque plus élevé d’accident. La surveillance et les règles de vigilance devraient éviter les accidents les plus graves, mais les petites blessures demeurent fréquentes, y compris les coups de soleil, insolations, déshydratations, réactions allergiques et piqûres d’insectes. En outre, la vie en collectivité comporte aussi ses risques infectieux : grippe, varicelle, rougeole, gastro-entérite… Mais ce sont les activités physiques et sportives et de plein air qui provoquent le plus d’accidents : contusions, égratignures, voire bras cassés…
À titre indicatif, l’INJEP (Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire) recense les accidents (fractures, entorses, claquages, tendinites, malaises…) par discipline sportive. Le rugby arrive en tête avec 16%, suivi du trail et du handball avec 14% et du football à 12%. L’escalade se trouve en fin de liste avec 5% des accidents.
Par ailleurs, les faits divers et condamnations de clubs et d’associations suite à des accidents graves incitent à rappeler l’obligation de sécurité des organisateurs de séjour. Pour autant, les colonies de vacances n’enregistrent pas plus d’accidents que lors de la pratique sportive en club. C’est plutôt l’engouement pour les sports à risque qui influence le nombre de blessures.
La question du coût financier des séjours de vacances pour enfants
Au XXe siècle, la période d’après-guerre a connu un fort engouement pour les colonies de vacances. Destinées au départ aux enfants des milieux défavorisés, sur financement de l’État et des collectivités, les colonies s’ouvrent à tous les publics à travers les comités d’entreprise. L’offre se développe ensuite avec des séjours plus courts et un attrait grandissant pour les sports d’hiver et les séjours linguistiques à l’étranger. Les sociétés commerciales spécialisées dans les séjours pour enfants se multiplient alors et tirent les prix vers le haut.
Selon Ouest-France (16/05/2019), « parmi les 51% de parents qui n’ont jamais proposé à leur enfant de partir en séjour, le prix est la première raison invoquée : 27% des parents la mettent en avant, et même 33% chez les ouvriers. » Pour tenter de remédier à cette contrainte budgétaire, l’État a mis en place récemment un Pass’colo pour « favoriser les départs en colonies de vacances des enfants durant l’année civile de leurs 11 ans (…). L’aide attribuée varie entre 200 et 300 € selon les ressources du foyer. Pour en bénéficier, [l’] enfant doit être né en 2013 » (source service-public.fr).
Parmi l’offre de séjours collectifs pour enfants, il ne faut pas oublier les camps scouts qui convainquent de plus en plus de jeunes. Ceux-ci acceptent volontiers de laisser leurs écrans pour vivre en pleine nature le temps de quelques jours ou quelques semaines. Le nombre de camps est d’ailleurs en constante augmentation. Ainsi, d’après actu.fr (22/02/23), « on compte 200 000 jeunes et encadrants parmi ces mouvements partout en France ». En outre, leur coût – entre 45 et 200 euros par semaine selon les structures et le transport – est relativement faible comparé aux tarifs des colonies de vacances (en moyenne 500 euros, hors sports d’hiver et séjours à l’étranger).
Que faire pour que le séjour en colonie de vacances se déroule au mieux ?
Avant de faire votre choix de colonie de vacances, vous devez peser les pour et les contre en concertation avec votre enfant. Pour que le séjour se passe au mieux, vous devriez :
- recueillir l’adhésion pleine de votre enfant. Cela contribue au bon déroulement de son séjour en collectivité. Respecter sa personnalité et son degré de maturité évite les expériences malheureuses.
- choisir un séjour thématique adapté à l’âge et aux capacités de votre enfant. Si vous voulez qu’il fasse du sport parce qu’il est trop sédentaire, optez pour des activités douces et variées. Sans quoi il risquerait de se blesser ou d’être écoeuré par le sport. Il existe des séjours pour tous les goûts : science, cuisine, théâtre, équitation, sport de glisse…
- vérifier si vous avez droit à des aides par la mairie, la CAF etc.
- privilégier les séjours courts pour les moins de 6 ans.
- envisager de le faire partir avec d’autres amis.
- consulter les avis laissés en ligne par les familles et leurs enfants.
Et vous, avez-vous déjà envoyé vos enfants en colonie de vacances ou en camp scout ? Si vous voulez partager vos conseils et vos expériences, rendez-vous sur nos réseaux sociaux FB et Instagram !