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Pensée magique de l’enfant, une étape clé du développement

pensée magique

J’ai soufflé trois fois sur le pissenlit et le nuage est venu faire de l’ombre. La pensée magique de l’enfant côtoie souvent la poésie : un battement de cils, un vœu murmuré, et le monde semble répondre. À travers ce prisme, l’enfant perçoit une connexion entre ses pensées, ses gestes et les événements extérieurs. Cette participation, décrite par Piaget comme une étape du développement psychique et cognitif de l’enfant, lui permet de donner du sens à un environnement encore mystérieux et parfois imprévisible. Paradoxalement, la pensée magique devient une première tentative de rationalisation du monde. Si elle s’efface progressivement au profit d’un raisonnement plus structuré, elle continue de nourrir l’imaginaire et trouve même des échos dans les croyances adultes.

Qu’est-ce que la pensée magique chez l’enfant ?

Jean Piaget (1896-1980), psychologue et épistémologue suisse, a considérablement influencé notre perception contemporaine de l’enfant grâce à ses travaux sur le développement cognitif.

Les stades de développement de l’enfant

Il a dégagé trois grands stades de développement de l’intelligence (Olivier Houdé, La psychologie de l’enfant, Que sais-je ? 2011) :

  1. Le stade sensori-moteur chez le bébé ;
  2. Le stade de préparation et de mise en place des opérations concrètes chez l’enfant ;
  3. Le stade des opérations formelles chez l’adolescent.

Selon O. Houdé, « Piaget a vu dans [la] dynamique [« assimilation/accommodation »] psychobiologique, qui régit les actions de l’enfant, le moteur même du développement de l’intelligence par équilibrations et autorégulations (internes) successives. »

Dans La représentation du monde chez l’enfant (1947), Piaget avance que « le réalisme se prolonge en « participations » et en attitudes magiques spontanées. » Il distingue magie et animisme et magie et jeu pour montrer qu’il ne s’agit ni d’une croyance ni d’une distraction. La pensée magique lie plus intimement la psyché et le monde réel en créant des liens de cause à effet. Ces derniers découlent d’un raisonnement erroné mais ils remplissent une fonction symbolique essentielle.

développement enfant

Les différentes catégories de pensée magique

Piaget relève quatre catégories de magie :

  • Les gestes et opérations qui influencent un événement souhaité ou craint. Je dois compter jusqu’à 7 pour réussir mon saut bouteille dans la piscine.
  • Une pensée, un mot ou un regard peut modifier la réalité. Si je regarde fixement l’oiseau au bord de la fontaine, il va s’envoler.
  • Faire appel aux propriétés d’une substance pour en modifier une autre. Je prête mon doudou à mon petit frère pour qu’il arrête de pleurer.
  • Utiliser un objet chargé de pouvoirs. J’utilise la bille qui a gagné la dernière partie pour remporter une nouvelle victoire. Dans ce cas, l’objet a une intention propre.

À chaque fois l’enfant tente d’agir sur son environnement. Il peut briguer l’accomplissement d’un souhait ou conjurer un danger. Il peut aussi mettre en œuvre un rituel personnel pour faire advenir un événement ou en éviter un autre. Parfois, cela inclut une action pénible ou ennuyeuse pour obtenir ce qui est désiré.

Pensée magique et pensée symbolique

La pensée magique et la pensée symbolique sont deux aspects du développement intellectuel de l’enfant.

Bien que différents, ces deux modes de pensée entretiennent un lien étroit. La pensée magique est une forme de pensée symbolique où l’enfant attribue un rôle actif à ses représentations. Elle s’appuie sur des concepts et des pensées abstraites à la portée symbolique. Néanmoins, là où la pensée symbolique permet d’imaginer et de jouer, la pensée magique va plus loin en influençant la perception de la réalité. Pensées magiques et symboliques coexistent jusqu’à l’âge de 6-7 ans, période où commence à se construire la pensée logique.

Einstein voyait même dans le développement cognitif de l’enfant une métaphore de la recherche scientifique. Et O. Houdé explique qu’ « étudier l’évolution des comportements de l’enfant revient dès lors à étudier la science en marche du bébé à l’adulte – « l’embryologie de la raison », selon l’expression de Piaget, c’est- à-dire les mathématiques, la logique, la physique, etc., en développement. C’est une forme d’histoire des sciences (dont l’enfant est l’acteur principal) qui s’opère en un raccourci saisissant (à peine vingt ans). »

pensée magique de l'enfant

Comment se manifeste la pensée magique ?

Objets qui prennent vie, peur des monstres sous le lit, pouvoir des mots et des rituels… Quelle est la part d’imaginaire et la part de pensée magique ? Pas toujours facile de les dissocier, d’autant qu’elles peuvent se combiner ou s’alterner dans une même séquence temporelle.

À quel âge apparaît la pensée magique et comment évolue-t-elle ?

Tout comme la pensée symbolique, la pensée magique émerge vers l’âge de 2 ans. Elle repose sur une causalité erronée et une vision animiste du monde. L’enfant attribue un pouvoir aux objets, aux mots ou aux pensées, croyant par exemple qu’un vœu peut se réaliser ou qu’un doudou peut le protéger réellement.

En cela, la pensée magique est très différente de la pensée symbolique qui se manifeste à travers le jeu, le dessin, le langage. Cette dernière marque la capacité de l’enfant à utiliser des représentations mentales pour évoquer des objets absents ou des situations non immédiates. L’enfant va par exemple se servir d’un bâton comme d’une épée ou encore d’une boite en carton comme d’une voiture. Il n’est pas induit en erreur et est au contraire parfaitement conscient du symbolisme de sa pensée. Il fait la distinction entre fiction et réalité. La pensée magique quant à elle opère quand l’enfant est confronté à des situations réelles sur lesquelles il cherche à avoir prise.

Pourquoi les enfants développent-ils une pensée magique ?

Plus généralement, les jeunes enfants ont une curiosité naturelle qui les pousse à déchiffrer le monde. À l’âge du pourquoi et des questions tous azimuts, les enfants tentent de combler leurs interrogations avec des bribes d’explications plus ou moins rationnelles. La découverte du monde extérieur avec ses tentations et ses dangers stimulent le raisonnement de l’enfant. Tel un chercheur il émet des hypothèses et observe les résultats qui se présentent à lui. Le hasard, les coïncidences, les interprétations imaginatives ou fondées sur une expérience théorique plus que pratique peuvent conduire l’enfant à des déductions erronées.

La pensée magique se révèle un moyen d’apprivoiser l’inconnu, ce qui fait peur ou ce qui inquiète. Elle permet de gérer des émotions parfois contradictoires où le désir se mêle de culpabilité, voire d’anxiété. Un enfant qui a envie de prendre une sucrerie dans le placard de la cuisine sait qu’il n’a pas le droit de le faire. Mais il peut créer une situation qui le dédouane de sa responsabilité car dictée par des éléments extérieurs signifiants. Si le placard ne grince pas, c’est qu’il m’autorise à prendre un bonbon. C’est lui le gardien des sucreries, donc c’est lui qui décide.

croyances enfant

Les croyances enfantines et l’influence du modèle parental

En fonction de la personnalité des enfants et du contexte familial, les enfants sont plus ou moins enclins à recourir à la pensée magique comme mode de raisonnement.

À mesure qu’il grandit et développe ses capacités cognitives, l’enfant est de plus en plus capable de recul critique sur lui-même. Il peut confronter le résultat de ses observations avec ceux de ses camarades et de ses proches. Il en va ainsi du Père Noël auquel les enfants croient jusqu’à environ 7 ans. À cet âge, traditionnellement qualifié d’âge de raison, l’enfant commence à avoir des doutes et à ne pas trouver logique qu’un traîneau vole dans le ciel ou encore qu’une seule personne ait le temps en une nuit de livrer des cadeaux dans le monde entier. De fait, l’enfant constate des incohérences qui l’aident à démythifier par lui-même certaines croyances infantiles.

L’influence des parents conditionne de fait certaines de ces croyances et leur persistance dans le temps. Il en va ainsi de la petite souris comme de la Befana, du Père Noël comme du lapin de Pâques… Les parents encouragent parfois ces croyances attachées au monde de l’enfance, dans sa candeur et sa vision angélique du monde. Il n’est pas toujours facile aux adultes d’admettre que leurs enfants ont grandi et ont besoin de connaître la réalité des choses. Cela n’empêche toutefois nullement la fantaisie de l’imaginaire, les jeux de rôle, lectures de contes et spectacles qui font appel à la sensibilité des enfants. L’imagination exprime et encourage la liberté de l’esprit et du corps. Elle n’est pas dénuée pour autant de logique !

Pensée magique et résolution de conflit (manque de confiance en soi, harcèlement…)

Certains profils d’enfant, hyper sensibles ou rencontrant des difficultés relationnelles peuvent avoir tendance à recourir davantage à la pensée magique comparativement à d’autres.

Par exemple, les enfants qui ont un ami imaginaire ont souvent une perception plus floue de la frontière entre leur imagination et le monde réel. Un terrain propice au développement de la pensée magique.

De même, les enfants qui ont peu confiance en eux et ont un besoin constant de se rassurer font plus volontiers appel à la pensée magique pour résoudre leurs difficultés. En outre, les enfants victimes de harcèlement scolaire, et qui se sentent démunis, peuvent être tentés de trouver une solution dans la magie. Ils sont alors convaincus qu’en effectuant certains rituels ils pourront échapper à leurs harceleurs.

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Quand la pensée magique devient-elle problématique ?

La plupart du temps, les parents ne se rendent pas compte de l’emploi de la pensée magique par leurs enfants. Il s’agit d’une introspection généralement non partagée et sujette à des incantations intérieures. Toutefois, il arrive que des signes alertent les adultes. Si un enfant nourrit des craintes exagérées et non fondées, qu’il souffre de pensées obsédantes et répétitives, il peut avoir besoin d’un suivi psychologique. Les troubles de l’anxiété et du comportement peuvent parfois se manifester à travers la pensée magique. Celle-ci n’en est jamais l’unique symptôme et il faut se pencher sur l’anamnèse globale pour déterminer si l’enfant a besoin d’être aidé.

Voici quelques détails qui, combinés, pourraient retenir votre attention :

  • Refus répétés d’accomplir des tâches du quotidien associés à un comportement anxieux ;
  • Phobies découlant de croyances irrationnelles : peur excessive du noir, superstitions (passer sous une échelle, ouvrir un parapluie à l’intérieur) ;
  • Impact sur le quotidien : lorsque les rituels deviennent envahissants, traînent en longueur, s’alourdissent ;
  • Troubles du sommeil, notamment avec cauchemar récurrent ;
  • Troubles alimentaires : jugements négatifs sur certains aliments (ne mange pas les aliments verts, les fruits à graines etc. )
  • Phobie scolaire découlant de difficultés d’adaptation (peur de la cour, de la cantine…).

La pensée magique est considérée comme tout à fait normale. Mais lorsqu’elle devient trop présente et qu’elle s’additionne à d’autres troubles cognitifs et troubles comportementaux, il est plus sûr d’aller consulter un médecin spécialiste ou un psychologue.

accompagner le développement de son enfant

Accompagner le développement psycho-cognitif de son enfant

La pensée magique est une étape essentielle du développement de l’enfant, une manière pour lui de donner du sens au monde qui l’entoure avant d’en acquérir une compréhension plus rationnelle. Loin d’être un frein, elle nourrit son imaginaire et sa créativité et précède le raisonnement logique.

En tant que parents, notre rôle n’est pas de l’empêcher, mais de l’accompagner avec bienveillance. Nous tâchons de valoriser la richesse intérieure tout en introduisant progressivement des repères concrets. Tout est question d’équilibre, de respect de la personnalité et de bien-être de l’enfant au quotidien. Le principe de réalité est incontournable pour grandir et prendre en main son parcours de vie, mais l’exploration du réel se fait en douceur pendant l’enfance, à travers des histoires, des jeux et des expériences adaptées à l’âge.

Chaque enfant évolue à son rythme : certains abandonneront naturellement leurs croyances magiques, tandis que d’autres auront besoin d’un cadre rassurant pour les dépasser. En restant à l’écoute de leur sensibilité, nous les aidons à construire une vision du monde où l’émerveillement peut cohabiter avec la rationalité.

Et chez vous, comment ça se passe ? Votre enfant recourt-il souvent à la pensée magique pour s’échapper du réel ou pour se rassurer ? Pour partager vos expériences, rendez-vous sur nos réseaux sociaux Facebook et Instagram !

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