Enseignante, blogueuse éducation et passionnée de littérature jeunesse, Lauriane a pour leitmotiv la pédagogie active, notamment par le théâtre, et la lecture pour tous. Retrouver tous ses articles
Aux alentours du 6 janvier, la galette des rois fait son retour dans les boulangeries et supermarchés pour fêter l’Épiphanie. Les enfants n’ont plus qu’une hâte : tirer les rois et savoir qui sera l’heureux gagnant de la fève. Quelle est l’origine de cette fête et comment en faire un moment ludique et éducatif pour les enfants ? Voici quelques pistes pour allier tradition et activités manuelles et passer un moment convivial en famille.
Qu’est-ce que l’Épiphanie et comment est-elle célébrée ?
L’origine de l’Épiphanie : une fête religieuse et populaire
L’Épiphanie est une fête catholique qui remonte au XIIIe siècle. Son nom provient du grec epiphania qui signifie « choses qui apparaissent ». L’Épiphanie se rapporte à la manifestation sensible d’une présence divine à l’humanité. Dans la religion chrétienne, elle désigne la naissance de Jésus lors de la nuit de Noël. D’abord révélée au monde par la venue de bergers, elle est suivie de l’adoration des rois mages. Guidés pendant douze jours par l’étoile du berger, ces rois astrologues venus de Perse, de Mésopotamie et de Babylone trouvent le nouveau-né dans une étable de Bethléem. Ils lui offrent alors chacun un présent de son pays : l’or pour sa royauté, l’encens pour sa divinité et la myrrhe pour sa mortalité.
Anonymes dans le Nouveau Testament, les rois mages se voient attribuer un patronyme au VIe siècle : Gaspard, Melchior et Balthazar. Ils sont au nombre de trois, comme les trois continents connus à cette époque (Afrique, Asie et Europe) et les trois âges de la vie. En effet, l’un est décrit comme âgé avec une longue barbe, le second comme jeune, et le troisième barbu sans être âgé. La fête catholique a été fixée au 6 janvier en Occident vers 350 après JC. Toutefois, l’Ancien Testament mentionne déjà la célébration de l’Épiphanie au IIIe siècle avant JC. Fêter l’Épiphanie c’est donc transmettre une longue tradition héritée de l’Antiquité.
La galette des rois : histoire et signification
Si l’on remonte aux cultes de l’Antiquité gréco-romaine, on trouve plusieurs célébration de dieux épiphanes (dieux qui se manifestent à l’homme). Notamment, la fête des Saturnales annonce l’allongement des jours, la fin de l’hiver et la promesse de fécondité. La tradition de la galette et de la fève (haricot sec) y puise d’ailleurs son origine. La galette représente le disque solaire et la fève la fécondité. Lors des Saturnales, esclaves et prisonniers sont eux-aussi susceptibles de gagner la fève et de devenir rois pour une journée.
Les différents types de recettes pour l’Épiphanie
Aujourd’hui, l’Épiphanie se fête généralement avec une galette fourrée à la frangipane. Toutefois il existe de nombreuses variantes : aux pommes, à la poudre de noisettes, à la pistache ou encore au thé matcha et aux fruits rouges. Mais surtout, en fonction des régions et des pays, on célèbre l’Épiphanie avec des traditions culinaires autres que celle de la galette :
- gâteau des rois. Il s’agit d’une brioche en couronne garnie de fruits confits. Ce gâteau est répandu dans le Sud de la France et les pays d’Europe de Sud (Portugal : bolo rei, Espagne : roscón de reyes).
- banitsa (tarte) ou vassilopita (gâteau) de la Théophanie fêtée dans les pays de religion orthodoxe (Russie, Grèce, Bulgarie…). Ce dessert est préparé avec de la pâte filo, du yaourt grec et de la féta. On y cache une pièce et celui qui la trouve est chanceux pour l’année à venir.
- befaninis. Ces petits biscuits italiens rappellent la sorcière Befana qui remplit le rôle du Père Noël. Elle offre aux enfants sages des cadeaux et du charbon aux chenapans. Les befaninis sont parfumés au citron.
- King cake ou Mardi Gras cake aux États-Unis. Il est constitué d’un simple anneau de pâte décoré de sucre coloré : violet pour la justice, vert pour la foi et or pour le pouvoir.
La recette traditionnelle de la galette des rois
Pour vous éviter de la chercher partout, nous vous redonnons ici la recette classique de la galette des rois à la frangipane. Pour plus de commodité avec les enfants, nous sauterons l’étape de la réalisation maison de la pâte feuilletée. Mais libre à vous de vous lancer dans la technique du retournement !
Ingrédients :
- deux pâtes feuilletées
- 60 g d’amandes en poudre
- 60 g de sucre en poudre
- 1 oeuf entier
- 60g de beurre
- 1 cuillère à café de Maïzena
- 1 cuillère à soupe de rhum brun
- sucre glace et 1 jaune d’oeuf pour la dorure
Ramollissez le beurre et ajoutez le sucre en poudre. Mélangez puis incorporez la poudre d’amandes, la Maïzena, l’oeuf et le rhum. Mélangez. Déroulez un disque de pâte en le laissant sur le papier sulfurisé. Piquez-le avec une fourchette puis répartissez la crème d’amandes en laissant un bord de 2cm. Placez la fève puis recouvrez avec la deuxième pâte. Fermez en fronçant les bords. Badigeonnez avec le jaune d’oeuf et dessinez un quadrillage avec une lame de couteau. Faites cuire à 180°C (thermostat 5-6) pendant 30 environ. Saupoudrez de sucre glace puis enfournez à nouveau pour quelques minutes à 250°C (thermostat 8) jusqu’à ce que le feuilletage soit brillant.
Les valeurs éducatives de l’Épiphanie pour les enfants
L’Épiphanie, au-delà de sa tradition gourmande et festive, offre une opportunité de transmettre des valeurs éducatives aux enfants.
Développer le sens du partage
Évidemment qui dit galette dit distribution ! Pour rappel, la tradition veut que le plus jeune se cache sous la table et désigne celui qui reçoit une part de galette. De cette manière, le partage à l’aveugle évite d’orienter son choix en fonction de l’aspect de la portion. Celui ou celle qui coupe a beau savoir où se trouve la fève, seul(e) celui ou celle qui ne voit pas décide. Pas de suspicion de favoritisme et donc pas de dispute entre frères et soeurs. C’est une manière d’accepter le hasard et la bonne fortune. Si on n’a pas la fève en premier, peut-être l’aura-t-on une autre fois ?
Faire preuve d’empathie et d’humilité
Il est vrai que la frustration est grande de ne pas obtenir la fève. Mais il reste encore une seconde chance avec la couronne. Celui qui a la fève désigne son roi ou sa reine et lui décerne la couronne. Généralement, ce moment est propice à manifester son attachement, voire sa reconnaissance. Les parents choisissent leurs enfants et réciproquement. Plus rarement les frères et soeurs se désignent entre eux. La tradition de la galette constitue une opportunité de dialogue à propos du partage et du bien-être de chacun au sein de la famille. Un aîné pourra comprendre l’intérêt de choisir son petit frère ou sa petite soeur comme roi ou reine. Une bonne entente évite les disputes et l’empathie débloque bien des situations conflictuelles.
Respecter une règle
Par ailleurs, la tradition du partage de la galette obéit à des règles traditionnelles qui renvoient à celles de la famille. Bien sûr elles peuvent être adaptées, mais elles ont intérêt à être stables, comme toute règle. L’enfant la connait et la respecte. Il sait qu’elle s’applique à tous, grands comme petits, ce qui est un gage d’équité pour lui. D’un côté, cela lui permet de mieux gérer son échec au tirage des rois, de l’autre il fait plus facilement preuve d’humilité s’il obtient la fève ou la couronne. Pour toutes ces raisons, il serait dommage de contourner la règle du tirage en faisant gagner systématiquement son enfant.
Les entorses à la règle…
Cependant, prendre en compte les émotions de son enfant nécessite parfois de contourner le règlement. Vous pouvez avoir d’excellentes raisons de glisser discrètement la fève dans sa part. S’il est en perte de confiance, à l’impression de tout rater, se sent malchanceux… un petit coup de pouce de votre part enverra un signe positif pour lui remonter le moral. Les jeunes enfants ont parfois besoin d’un brin de magie pour retrouver le sourire. Si une fève le leur rend, pourquoi s’en priver ? À condition bien sûr de faire tourner la roue et de veiller à ce que la prochaine fève soit bien le fruit du hasard.
Activités ludiques pour célébrer l’Épiphanie avec les enfants
L’Épiphanie est l’occasion d’organiser de multiples activités avec les enfants. Pâtisserie, couronnes, fèves, chansons, les rois et reines sont partout !
Créer une couronne des rois
La couronne des rois fait figure d’incontournable à l’école maternelle. Esthétique, créative, elle convoque aussi des compétences manuelles et artistiques. Les tout-petits s’exercent à tracer des obliques, à découper sur les lignes, à suivre un code couleur. Ils développent leur dextérité, leur coordination, musclent leurs mains et aiguisent leur sens artistique. De plus, ils résolvent des problèmes techniques en ajustant la taille à leur tour de tête, en harmonisant les triangles qu’ils découpent ou encore en fixant des gommettes et autres pompons décoratifs.
De la Petite Section à la Grande Section, chaque classe rivalise d’ingéniosité pour réaliser une couronne originale. D’un point de vue didactique et pédagogique, la fabrication d’une couronne constitue un projet motivant doublé d’une finalité collective. Très souvent chaque classe défile avec les couronnes sur la tête, ce qui permet d’admirer le travail de tous les groupes d’âge. Enfin, les enfants rapportent leur précieuse couronne à la maison et sont fiers de montrer comment ils participent à l’Épiphanie.
Si votre enfant n’a pas réalisé de couronne dans son école ou s’il souhaite tout simplement en fabriquer une nouvelle, vous avez devant vous de nombreuses possibilités. À partir d’une base de couronne (bande de papier carte de 5 à 7 cm), votre enfant décore à sa guise avec différents matériels :
- peinture dorée ou toute autre couleur ;
- gommettes, joyaux autocollants, perles ;
- papier crépon ;
- plumes…
Fermez ensuite avec une agrafeuse (après avoir pris la mesure !). Ce sera bien plus solide qu’avec de la colle ou du ruban adhésif. Autre option : la couronne en tissu à coudre ou à nouer autour de la tête. Sertie de pierreries ou de sequins à fixer soi-même, elle sera du plus bel effet, en plus d’être réutilisable !
Fabriquer une fève pour la galette des rois
En fonction du type de galette, le matériau de fabrication de la fève varie. En effet, si vous prévoyez de cacher la fève dans une galette à la frangipane, optez pour l’argile. Il supporte de hautes températures et n’est pas nocif lorsqu’il est chauffé. Choisissez une argile durcissante à basse température ou séchant à l’air. Côté forme, proposez à votre enfant des sujets simples : haricot blanc, lune, soleil etc. Les plus âgés pourront laisser libre cours à leur imagination.
Si vous projetez de faire une brioche, vous pourrez glisser la fève après cuisson. Dans ce cas, la fève peut être fabriquée en plastique fou, en pâte FIMO©, en gomme, en gelée durcissante etc. Ne la laissez toutefois pas trop longtemps dans la pâtisserie pour qu’elle ne s’altère pas.
Confectionner des déguisements et des décors
Pour accompagner les couronnes, pourquoi ne pas coudre quelques tuniques avec les grands ? En couture à la main ou à la machine, vous pouvez recycler de vieux draps en créant des tenues antiques ceints d’une cordelette. Une occasion d’en apprendre davantage sur l’histoire du tout premier siècle après JC. Qui étaient les rois mages, d’où venaient-ils et comment vivaient les populations de l’époque ? Le déguisement est un bon moyen de plonger dans l’histoire et d’incarner des personnages historiques. Les enfants en profiteront pour créer un décor antique avec des bas reliefs par exemple. Aves des cartons d’emballage, on peut fabriquer des colonnes, des tours etc. De quoi nourrir plusieurs après-midis de jeu !
Chansons, contes et histoires qui célèbrent l’Épiphanie
Le folklore régional regorge de chansons traditionnelles en rapport avec l’Épiphanie :
- J’aime la galette, savez-vous comment ?
- La marche des rois mages de Joseph-François Dommergue ;
- Dans la galette des rois d’Anny et Jean-Marc Versini ;
- La galette des rois (C’est la galette des rois / Des trois rois que l’on voit…) ;
- Melchior et Balthazar sont partis d’Afrique
- …
Parmi les livres dédiés au thème de la galette et des rois mages, on trouve :
- l’incontournable Roule Galette de Natha Caputo paru en 1950 (Père Castor), à partir de 2 ans ;
- J’aime la galette d’Orianne Lallemand et Maud Legrand (Casterman, coll. Mes comptines en or), à partir de 2 ans ;
- Le loup aime la galette de Philippe Jalbert (Gautier-Languereau), à partir de 3 ans ;
- La galette à l’escampette de Geoffroy de Pennart (l’école des loisirs), à partir de 3 ans ;
- La Befana de Sandra Nelson et Sébastien Pelon (Flammarion), à partir de 3 ans ;
- La première galette des rois de Zemanel et Sophie Lebot (Flammarion), à partir de 3 ans ;
- Qui aura la fève ? de Catherine Metzmeyer et Marie Flusin (Élan vert), à partir de 3 ans ;
- et les petits héros du quotidien : Petit Ours Brun aime la galette des rois (Danièle Bour, Bayard jeunesse), T’choupi aime la galette (Thierry Courtin, Nathan), Crocolou aime la galette (Ophélie Texier, Actes Sud Jeunesse), P’tit loup est le roi de la galette (Orianne Lallemand, Auzou éditions), L’âne Trotro : le roi de la galette (Bénédicte Guettier, Gallimard Jeunesse) ;
- Les rois mages de Michel Tournier (Gallimard jeunesse, ) roman à partir de 9 ans ;
- Les rois mages de Kochka (Thierry Magnier éditions), roman à partir de 10 ans ;
- …
Finalement, l’Épiphanie est l’occasion d’explorer des récits historiques et culturels. Elle permet d’éveiller la curiosité des enfants pour des traditions d’ici et d’ailleurs, favorisant ainsi leur ouverture au monde. Elle est aussi l’occasion de développer les compétences psycho-sociales de l’enfant, notamment le sens du partage, l’empathie et la régulation des émotions. Bref, entre la galette, la couronne, les chansons et les histoires, l’Épiphanie regorge de découvertes et d’activités à partager en famille !
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