Enseignante, blogueuse éducation et passionnée de littérature jeunesse, Lauriane a pour leitmotiv la pédagogie active, notamment par le théâtre, et la lecture pour tous. Retrouver tous ses articles
« Manque de confiance en soi. » Cette phrase revient souvent dans les appréciations des enseignants sur les livrets scolaires. Nous-mêmes en tant que parents l’avons lue sur nos propres livrets lorsque nous étions enfants. Et nous savons tous que cette formule évasive recouvre un large prisme de difficultés et d’inconfort à l’école et parfois même à la maison. Au rayon adulte, les ouvrages de développement personnel rivalisent de méthodes pour développer sa confiance en soi et accéder à la réussite. Bien souvent d’ailleurs les psychologues font remonter une faible estime de soi à l’enfance, période propice aux blessures narcissiques. Quelles sont les causes d’un manque de confiance en soi et comment y remédier pour favoriser l’épanouissement de son enfant ? Voici quelques pistes de réflexion pour trouver des solutions.
À quoi sert la confiance en soi ?
La confiance en soi est un précieux atout qui favorise le bien-être et la réussite. Elle a des implications dans le développement de l’enfant, notamment dans la gestion de ses émotions, mais aussi dans ses interactions sociales et ses capacités cognitives. Plus particulièrement, elle influence les apprentissages et la gestion de l’échec. Avoir confiance en soi ne revient pas à surestimer ses capacités, ni à fanfaronner. Il s’agit plutôt d’être capable de s’évaluer à son juste niveau pour prendre les bonnes décisions. De celles-ci découlent les efforts à produire pour réussir.
Ainsi, avoir confiance en soi pour un enfant c’est comprendre qu’il est capable de progresser s’il s’en donne les moyens et le temps. La confiance en soi est le point de départ de tout apprentissage, elle signifie « je peux le faire ». La verbalisation de cette possibilité agit comme déclencheur motivationnel. À partir du moment où l’enfant se dit qu’il peut réussir, il accepte de relever des défis et de travailler pour y arriver. Il comprend aussi que le succès récompense le travail et que ses efforts ont autant de valeur que sa réussite. Tout est une question de temps et de circonstances : atteindre un objectif réclame souvent plusieurs étapes et induit des essais et des erreurs.
Lorsqu’un enfant gagne confiance en lui, il remporte une victoire sur lui-même en surmontant ses échecs. Si certains enfants sont naturellement plus confiants en leurs capacités que d’autres, ce sentiment provient pour une large part de leur éducation. En effet, un climat familial serein et bienveillant favorise la confiance en soi. Celle-ci n’est possible que si l’enfant peut s’appuyer sur son sentiment de sécurité. Un cadre stable, jalonné de limites explicites et dans lequel l’enfant est écouté et se sent compris, favorise la confiance en soi.
Quels sont les signes d’un manque de confiance en soi chez l’enfant ?
Le manque de confiance en soi prend différents aspects plus ou moins faciles à dépister. Certains enfants se montrent timides, réservés, d’autres manifestent leur colère et opposent un refus catégorique. Ces signes peuvent indiquer un manque de confiance en soi fondé sur la peur : la peur du jugement des autres, la peur de l’échec mais aussi l’inadéquation entre fantasme et réalité. Ainsi l’enfant peut tout à fait analyser et comprendre les besoins d’une situation sans pour autant y parvenir. Le cas du dessin en est un bon exemple. Il « voit » de belles fleurs dans le jardin mais ne parvient pas à tracer des tiges et des pétales de forme et de couleur satisfaisantes à ses yeux.
Finalement, l’enfant est souvent soumis à ce type de tiraillement. De fait, ses capacités sensorielles précèdent ses facultés motrices, ce qui explique ce sentiment de décalage qui peut fragiliser la confiance en soi. Il ne maîtrise pas suffisamment la notion de temps et de progrès pour comprendre que ses performances sont perfectibles. Toutefois en grandissant, il constate que ses dessins évoluent et correspondent davantage à sa perception du monde, ce qui améliore son estime de lui-même.
Par ailleurs, l’absence de confiance en soi peut provoquer de multiples troubles : agressivité, angoisse, troubles du sommeil. Les enfants qui se déprécient et ont un sentiment permanent d’échec adoptent parfois des attitudes jugées sévèrement par leur entourage : repli sur soi ou alors hyperactivité associée à des bêtises. Pris dans la spirale de l’échec et des feedbacks négatifs, ces enfants perdent l’estime d’eux-mêmes. Ils n’ont plus la confiance qui leur serait pourtant nécessaire pour rebondir
Les causes du manque de confiance en soi
On l’a déjà dit, le défaut d’environnement stable et de sentiment de sécurité influence la confiance en soi. Les enfants ont besoin d’être encouragés dès le plus jeune âge, lorsqu’ils commencent à découvrir le monde qui les entoure. Malgré tout, même lorsque les parents assument cette fonction d’assurance, certains enfants peinent à se faire confiance au quotidien.
Ne pas confondre enfant introverti et enfant qui manque de confiance en soi
Si l’on voit souvent dans la timidité un manque de confiance en soi, ce n’est pourtant pas nécessairement le cas. En effet, la plupart des enfants introvertis affectionnent la solitude sans que cela entrave leur réussite, ni entame leur confiance en eux. Leur calme constitue même souvent un avantage. La difficulté pour ces enfants se limite aux travaux de groupe qu’ils préfèreraient réaliser seuls. Le manque de confiance réside dans l’incapacité à collaborer avec les autres mais ne concerne pas sa propre personne.
Pour initier ces enfants à l’intérêt des travaux de groupes, les activités de coopération sont particulièrement adaptées. Lorsque chacun peut apporter ses compétences et que l’entraide mène au succès, même les plus timides sortent un peu de leur coquille. Ainsi, il n’y a aucune utilité ni nécessité à obliger des enfants à interagir de force. La meilleure option surgira de la volonté de l’enfant lui-même, content de tester une nouvelle activité ou d’aider à la résolution d’une situation problème.
La blessure narcissique de l’enfant
Cependant certaines timidités trouvent leur origine dans un traumatisme. Le narcissisme tel qu’évoqué par Freud est une condition nécessaire à la survie. C’est grâce à l’estime que l’on a de soi que l’on comprend qu’il est nécessaire de se nourrir, de dormir, de se soigner et se laver, mais aussi d’apprendre. Littéralement, cela revient à dire que « cela en vaut la peine ». Les enfants ressentent cette force de vie qui les pousse dans ce double mouvement de découverte, d’expérimentation du monde avec tous les dangers que cela comporte (accident, déception, émotions fortes…) et de responsabilité de soi (évitements des dangers, estimation des risques raisonnables…).
Or, parfois ce goût de vivre est entaché par des expériences malheureuses où le Moi de l’enfant a été écorné. Cela se produit lorsque les adultes rabaissent les enfants, leur disent qu’ils ne sont pas capables ou qu’ils font mal… L’effet de ces réflexions entame la soif d’apprendre et d’entreprendre de l’enfant. Il est « en retard » dans son développement, n’a pas acquis un niveau satisfaisant d’autonomie pour son âge etc.
Les blessures narcissiques de l’enfant découlent d’une carence affective et/ou éducative, familiale ou scolaire. C’est le cas par exemple, lorsque ses performances sont comparées à celles d’un frère ou d’une soeur, ou encore à celle d’un autre élève plus brillant que lui. Ces jugements négatifs débouchent sur une vision dégradée de soi et à une perte de confiance. Le harcèlement scolaire peut aussi en être la cause, du fait de la répétition d’épisodes humiliants et dépréciatifs.
C’est pourquoi il convient d’être vigilant face aux changements de comportement de l’enfant. Pourquoi est-il triste et replié sur lui-même ou au contraire pourquoi manifeste-t-il autant d’agitation et perturbe-t-il la classe ? Il est fondamental d’intervenir rapidement après une blessure narcissique afin que celle-ci ne cause pas de dommages durables. En effet, elle pourrait entrainer un mal-être et des problèmes comportementaux et relationnels pendant toute la vie.
L’échec scolaire
L’injonction de réussite scolaire touche très tôt les enfants. Dès la Grande Section, ils prennent conscience qu’il est socialement valorisant de réussir à l’école. Aux yeux d’un enfant, cette réussite parait dépendre de ses qualités propres et non de ses efforts pour l’atteindre. Tout se passe comme s’il y avait les bons d’un côté et les médiocres de l’autre. Ce présupposé délétère fausse le rapport aux apprentissages et induit l’échec avant même que l’enfant n’ait essayé. L’image d’Epinal du bon élève, perçu parfois même comme un génie, masque complètement aux « autres » enfants les objectifs de l’école. L’école devrait pourtant être ce lieu où tout est possible, où l’on peut essayer, se tromper, recommencer… c’est-à-dire justement apprendre.
Ce malentendu qui clive les classes en catégories de niveaux nie le principe même de métacognition. Pourtant, la clé de la réussite relève de cette maturité du cerveau. Comment apprendre ? Ou plutôt comment trouver les outils pour accéder aux connaissances et compétences ? Les enseignants spécialisés dans la prise en charge des élèves en difficulté ciblent à la fois l’attitude de l’apprenant (son comportement d’élève, sa motivation) et les méthodes et outils d’apprentissage (les moyens pour réussir). De même, les élèves souffrant de troubles DYS développent des stratégies compensatoires qui sont des outils de réussite tout aussi valables que d’autres. La question des moyens est fondamentale car lorsque les élèves se mésestiment, ils induisent eux-mêmes leur propre échec.
Alors que si on leur fournit des outils adaptés et qu’on les rend maître de leurs progrès, ils dépassent le biais de jugement pour se concentrer sur leur parcours. Les expériences de la psychologue Carol Dweck ont montré que valoriser l’effort plutôt que le résultat contribuait à améliorer les performances des élèves. De cette façon, ils passent d’une conception fixe de leurs capacités à une conception extensible, appelée « état d’esprit de croissance » (growth mindset). Ce qui permet ainsi de briser la spirale de l’échec et de reprendre confiance en soi.
Comment renforcer la confiance en soi chez un enfant ?
L’éducation parentale influence la confiance en soi d’un enfant, tout comme l’attitude de l’ensemble des membres de la communauté éducative. Par ailleurs, certaines activités et jeux favorisent le développement et l’épanouissement des enfants.
Soutien parental et encouragement
Les enfants ont besoin de sentir que leurs parents les soutiennent dans leurs efforts. Toutefois, ils donnent une importance parfois exagérée à satisfaire les attentes de leurs parents. Attention donc à bien doser vos exigences pour qu’elles n’en deviennent pas contre-productives. En fonction des aptitudes et de la personnalité de l’enfant, l’attitude du parent emprunte des formes diverses. Encouragements, félicitations, cadeau émotionnel et autres gratifications soutiennent les efforts de l’enfant. Ils ne doivent pas se cantonner à la réussite scolaire, mais au contraire viser tous les aspects de la vie. Ainsi, les parents veilleront à valoriser les comportements et raisonnements et pas seulement les résultats corrects.
Le message transmis aux enfants est celui de la persévérance et de l’enrichissement du répertoire d’expériences et pas uniquement la réussite. En cas d’échec, il faut éviter d’y mêler des émotions négatives (déception, colère…) qui minent la confiance en soi. Au contraire, le dialogue et le partage fournissent un soutien qui aide l’enfant à rebondir et à relever de nouveaux défis. En tant qu’adultes, nous sommes bien placés pour aider nos enfants à relativiser leurs échecs.
Ainsi nous pouvons les aider à se projeter dans de nouveaux objectifs, en leur montrant comment nous-mêmes nous procédons. Les enfants ont besoin de modèles pour prendre confiance en eux. Parler de ses propres échecs et montrer comment nous les avons contournés et transformés en réussite leur redonnent souvent espoir en leurs propres capacités. Les enfants se sentent moins seuls face à leurs difficultés. Ils savent que nous les comprenons et nos encouragements les invitent à renouveler leurs efforts. Un système de récompense contribue par ailleurs à matérialiser les étapes vers la réussite. Pour les plus jeunes, cela peut être une gommette (Bravo pour le pipi dans le pot !) et pour les plus grands une partie de jeu vidéo à deux (Félicitations pour ton 8/10 en dictée !) !
Quelles activités favorisent la confiance en soi ?
Dans tous les cas, le temps passé en famille – les discussions, sorties, jeux et tâches quotidiennes -apportent le sentiment de sécurité nécessaire aux enfants pour se dépasser. En outre, certaines activités les aident à développer leur autonomie et leur confiance en eux.
Les activités extra-scolaires au secours des élèves angoissés
D’une manière générale, les activités extra-scolaires donnent l’occasion aux enfants d’envisager le monde différemment. D’une part, l’enfant peut exceller dans une discipline qu’il a choisie (contrairement à celles enseignées à l’école). D’autre part, l’activité en elle-même travaille l’investissement et la prise de décision. C’est le cas notamment des disciplines sportives qui nécessitent rigueur et entrainement.
De même, les activités artistiques (théâtre, arts plastiques, musique) sont des moyens d’exprimer ses émotions à travers des médiums (le corps, la voix, divers matériaux servant à créer). L’enfant n’en a pas toujours conscience, mais il en ressent les bienfaits. Interpréter un personnage en colère libère les tensions, modeler de l’argile aide à se concentrer et confère un sentiment de maîtrise. De fait, les activités manuelles – y compris le ménage à la maison – vident l’esprit des angoisses et débouchent sur un apaisement. Rien de tel qu’un bon après-midi jardinage pour relâcher la pression !
Gestion de l’anxiété et développement personnel
En complément de ces activités, on peut proposer aux enfants des temps calmes pour se relaxer, se détendre et relativiser leurs problèmes. Il existe plusieurs solutions pour accompagner son enfant dans cette démarche : le yoga, la relaxation en famille, la méditation, l’écoute musicale.
Apprendre à gérer ses émotions et à renouer avec la paix intérieure sont de précieux atouts pour l’enfant et le futur adulte. Ils font aussi partie de la construction de l’estime de soi. Car il s’agit avant tout de se faire confiance à soi-même. Or s’énerver et perdre ses moyens entament nos capacités à croire en nos ressources mentales. Maîtrise de soi et confiance en soi vont donc de pair.
Quand consulter un spécialiste ?
Si votre enfant a du mal à contrôler ses émotions, qu’il a l’impression de perdre ses moyens et qu’il souffre d’échecs répétés, il est peut-être nécessaire de consulter un spécialiste. Un psychologue discutera avec lui des facteurs déclencheurs et l’aidera à prévenir les moments où la timidité ou la colère le débordent et balaient sa confiance en lui. La sophrologie et l’hypnose thérapeutique donnent également d’excellents résultats. Une fois ses peurs évacuées, l’enfant peut envisager sereinement de s’investir dans une tâche et relever les défis adaptés à son âge.
Le manque de confiance en soi provoque des troubles émotionnels et comportementaux chez l’enfant. En proie au doute, sa faible estime de lui-même l’empêche de se projeter dans la réussite et induit ainsi l’échec. Pour briser la spirale du biais de jugement et renouer avec la confiance en soi, le soutien parental est indispensable. En créant un environnement sécurisant où le dialogue est constant et bienveillant, les éducateurs montrent la voie pour s’accepter avec ses atouts et ses faiblesses. Ils félicitent la réussite et surtout l’effort pour favoriser le développement de ressources mentales utiles toute la vie. Enfin, ils guident l’enfant vers des activités sportives, artistiques et de relaxation propices à l’expression de soi et à la gestion de ses émotions.
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