Enseignante, blogueuse éducation et passionnée de littérature jeunesse, Lauriane a pour leitmotiv la pédagogie active, notamment par le théâtre, et la lecture pour tous. Retrouver tous ses articles
Lire avant de s’endormir présente de nombreux avantages pour les enfants. Mais attention toutefois à ne pas dépasser l’heure du coucher et à bien sélectionner les histoires. En lecture à voix haute par l’adulte ou en lecture autonome, le livre permet de s’évader et de glisser sereinement vers le sommeil. D’ailleurs, quel que soit l’âge de l’enfant, si l’envie est présente, la lecture à voix haute peut être poursuivie durant toute l’enfance.
Ainsi Daniel Pennac, célèbre écrivain jeunesse et adulte, faisait la lecture à ses élèves de 3ème. Et si, au lieu d’exiger la lecture le professeur décidait soudain de partager son propre bonheur de lire ? (Comme un roman, 1992) La magie de la voix, son timbre, ses inflexions rendent intelligible même le plus abscons des langages. Sans doute parce l’oralité puise sa force dans plusieurs siècles de tradition de conteur. Lire soi-même ou écouter l’autre, deux aventures imaginaires aux vertus multiples !
Les bienfaits de la lecture à voix haute pour l’enfant
Quelle que soit l’heure à laquelle on lit une histoire à son enfant, c’est toujours un moment de partage et de complicité !
Faire la lecture aux enfants favorise leurs capacités cognitives
Dès le plus jeunes âge, le livre attire le regard des bébés avec ses formes, ses couleurs, ses pages sonores. Lorsque l’adulte y ajoute sa voix, reproduit des sons, l’attention des plus jeunes est d’autant plus stimulée. Ce premier contact avec le livre dont le petit tourne les pages (et les goûte parfois !) prépare une seconde étape de mise en mots. Cela peut être des livres sans textes où l’adulte décrit ce qu’il voit et l’enfant montre du doigt. Ou bien des imagiers classiques qui créent une correspondance entre le mot et sa représentation. Par ailleurs, certains imagiers pour plus grands invitent à reconnaître des mots qui contiennent des sons comme ABC de Marion Arbona (5 ans et +). Ou encore AbécéBêtes (7 ans et +) d’Olivier Tallec qui joue sur les accumulations improbables.
D’autre part, les livres qui mettent en scène des histoires mobilisent plusieurs capacités : compréhension lexicale, mémorisation, inférence (anticipation), décryptage du schéma narratif. D’où les nombreuses histoires à trame répétitive et les séries avec des héros enfantins récurrents. Pour toutes ces raisons, la lecture développe la réflexion, mais aussi la compréhension des émotions et l’empathie. Le lecteur/auditeur s’identifie à des personnages qui lui font vivre par procuration des situations variées. Ces expériences imaginaires enrichissent sa compréhension du monde et l’aident à adapter son comportement dans des contextes inhabituels.
Lire un livre avant d’aller se coucher : un rituel rassurant pour les enfants
La lecture à voix haute en fin de soirée peut servir de rituel de coucher. Bien sûr, chaque enfant est différent et d’autres activités calmes peuvent aussi très bien convenir. Mais l’avantage de l’histoire du soir c’est qu’on la met plus facilement en place qu’à d’autres moments de la journée. Le matin c’est la course contre la montre, la journée tout le monde vaque à ses obligations et avant le repas…c’est encore la course ! Bref, l’avant coucher fait d’une pierre deux coups : consacrer du temps à la lecture et profiter de ses bienfaits pour un retour au calme et une entrée progressive dans le royaume de Morphée.
De fait, de nombreux enfants présentent une agitation au moment de la séparation du soir. Peur de l’abandon, angoisses, ils peinent à trouver l’apaisement nécessaire à la survenue du sommeil. C’est pourquoi ils ont besoin d’un rituel pour les rassurer. Une fois repéré l’horaire optimal d’endormissement de l’enfant, on peut caler une séance de lecture à voix haute qui fera concorder le besoin physiologique, la libération de la mélatonine (hormone du sommeil) et le besoin de calme qui la précède.
Pendant que vous lisez, votre enfant se détend près de vous, il s’immerge dans l’histoire, pose des questions parfois. Si vous le laissez choisir son livre, vous constaterez sans doute qu’il a ses préférences. De lui-même il peut exclure les histoires qui font peur, celle ou la sorcière ou le loup sont illustrés de façon horrifique, celle où le personnage subit un revers. Effectivement le choix de l’histoire est crucial. Car si toutes les histoires valent la peine d’être lues, certaines ne conviennent pas à l’heure du coucher. C’est amusant de se faire peur, mais peut-être pas avant d’aller au lit !
Lire des histoires aux grands enfants aussi !
En grandissant, votre enfant sait intuitivement quelles histoires lui font du bien et l’aident à s’apaiser le soir. Peut-être qu’il s’agira de la même histoire plusieurs soirs de suite. Si cela vous ennuie sachez malgré tout que c’est un très bon moyen pour les enfants de mieux comprendre un texte. À chaque nouvelle lecture, il a plaisir à retrouver ce qu’il connait tout en découvrant un nouveau détail. Ou alors il choisira un album ou une BD humoristique. Rien de tel qu’une franche rigolade pour se détendre avant d’aller au lit. Une seconde histoire plus courte pourra clore le chapitre du rire et permettre de reprendre son souffle. Si l’enfant sait lire, il peut aussi participer à la lecture du soir.
Ainsi le partage de la lecture présente plusieurs intérêts qui renforcent les compétences de lecteur :
- la lecture à voix haute fait partie des compétences à acquérir à l’école. Plus on la pratique, plus on s’améliore. Il existe même des concours de lecture dans les écoles, comme Les Petits champions de la lecture destiné aux élèves de CM 1 et 2,
- l’enfant prend en compte son auditoire et développe son estime de lui en montrant qu’il sait lire comme un grand,
- la lecture à voix haute oblige à une certaine vigilance quant à la ponctuation et aux signes du dialogue. En conséquence, elle permet de gagner en rapidité et fluidité en lecture silencieuse aussi.
- elle mobilise l’attention des enfants qui pourraient être tentés de « faire autre chose » pendant la lecture.
Toutefois, l’effort que nécessite la lecture pour les enfants de CP et CE1 contre-indiquent l’exercice de la lecture au moment du coucher. En effet, le déchiffrage réclame un niveau de concentration et de vigilance élevé. De plus l’enfant qui démarre son apprentissage de la lecture sera sans doute habitué à lire son livre sur un table bien éclairée. Or au moment du coucher, il vaut mieux une lumière douce. Les lecteurs débutants progresseront mieux dans des conditions de posture et d’éclairage qui ne sont pas forcément celles que l’on met en place avant d’aller dormir. C’est pourquoi on attendra une maîtrise correcte de la lecture pour la proposer comme activité calme d’avant coucher.
Lecture autonome des enfants avant l’heure du coucher
La lecture constitue une alternative aux écrans qui envahissent le quotidien des enfants, avec les effets négatifs de la surexposition aux écrans qu’on connait désormais. Cependant, en fonction du profil des enfants, la lecture peut aussi empêcher l’endormissement. Quelques conseils pour éviter les interférences…
Lire pour préserver le rituel du coucher des grands enfants
En fait quelque que soit notre âge, nous avons tous besoin d’une petite routine avant d’aller nous coucher. On peut écouter de la musique pour se détendre, un podcast documentaire ou une histoire audio. L’idée est de se déconnecter de la journée, de mettre ses soucis de côté pour permettre au corps de se reposer. En effet, même fatigués adultes comme enfants peuvent avoir du mal à lâcher prise pour dormir. C’est pourquoi il peut être utile d’aider cette phase à se dérouler paisiblement.
Ainsi, trois facteurs restent indispensables : réduction du bruit, diminution de la lumière et bien sûr retour au calme. La lecture en tant qu’activité silencieuse constitue une bonne façon d’amorcer le calme en soi. Reste le problème de la lumière. Elle est bien sûr nécessaire pour lire sans forcer ses yeux. Cependant, un éclairage trop vif pourrait perturber l’émission de mélatonine et empêcher l’endormissement. Il convient donc d’utiliser une lumière douce et chaude, facilement accessible pour ne pas avoir à se relever pour éteindre. Les lampes à clipper avec un bras articulé conviennent tout particulièrement puisqu’elles éclairent les pages du livre et ne sont donc pas dirigées vers les yeux.
Les avantages de la lecture du soir pour les jeunes lecteurs
Pour les enfants sachant déjà lire, il existe deux alternatives pour la lecture du soir : la lecture en solo ou la lecture à voix haute par l’adulte. Celle-ci peut être l’occasion d’accéder à des classiques, des textes plus longs et plus ardus à partir desquels on peut engager des débats et réflexions. On peut proposer par exemple la lecture feuilleton des ouvrages de Murielle Szac pour explorer la mythologie. Accessibles dès l’âge de 5 ans et bien au-delà, ils tiennent en haleine et abordent une multitude de thématiques fascinantes. Il en existe désormais quatre autour des figures d’Hermès, Thésée, Ulysse et Artémis.
Pour les plus grands à partir de 9 ans, Bernard Friot a concocté des recueils d’histoires brèves, hilarantes, parfois saugrenues qui surprennent et ravissent par leur ton libre et fantasque. Histoires pressées et Nouvelles histoires pressées se prêtent bien par leur fond et leur forme (histoires courtes, chapitrage) à la lecture offerte. Les enfants auront sans doute envie de les relire tout seul pour mieux en découvrir les détails.
La recherche scientifique pointe souvent les avantages de la lecture du soir pour les enfants : imagination, détente, augmentation des capacités de mémorisation et de concentration, moment de complicité parent/enfant. Alors, si votre grand est toujours partant pour vous écouter le soir blotti dans un recoin du canapé, profitez de cet instant qui l’aide à se construire et à se rassurer avant d’aller se coucher.
Bien choisir les histoires du soir pour les enfants qui lisent seuls
Néanmoins, certains enfants préfèreront se créer une bulle dont ils sont les seuls maîtres. Cela n’empêche pas de continuer de lire à voix haute à d’autres moment ou d’opter pour une lecture partagée. Le besoin d’intériorisation qui précède l’endormissement peut conduire les enfants à vouloir lire au calme dans leur chambre. Un signe d’autonomie qui montre que l’enfant peut prendre en charge lui-même le passage de l’éveil au sommeil. Cette situation représente le cas idéal qui ne nécessite aucune intervention de la part des parents, heureux de constater cette capacité chez leur enfant.
Toutefois, ce n’est pas toujours aussi simple ! Quand on passe devant la porte à 22h ou plus tard et qu’on entend encore le bruit des pages qu’on tourne, on peut se demander si finalement la lecture n’empêche pas le sommeil. La lecture peut être si passionnante qu’elle en devient addictive. Et c’est comme ça qu’on devient accro aux bouquins ! Ce qui est plutôt chouette ou demeurant. Sauf quand l’enfant souffre d’un déficit de sommeil.
Que faire si mon enfant veut lire toute la nuit ?
La lecture peut maintenir les enfants éveillés jusque tard dans la nuit. Les mains moites, crispé sur son lit, l’enfant dévore littéralement son roman et quand on éteint la lumière il n’arrive pas à s’endormir. Que faire dans ce cas-là ? En parler déjà pour poser des limites, sans interdire. On peut fixer un horaire, un nombre de chapitres, un nombre de pages (même si c’est souvent artificiel et frustrant). On peut aussi aider son enfant à sélectionner des ouvrages différents. Il ne s’agit pas de troquer un super livre d’aventures bourré de rebondissement contre un manuel de robotique pour ingénieurs.
Mais il y a des alternatives. En cela, les BD et mangas viennent utilement à l’aide. Tout aussi appréciés et addictifs, ils présentent de nombreux avantages pour la lecture du soir :
- le support visuel invite à davantage de contemplation – activité calme,
- le texte souvent bref limite l’effort de lecture et la surstimulation du cerveau,
- l’ouvrage se lit rapidement et donne la satisfaction de l’achèvement,
- les illustrations créent des images mentales, précurseurs des rêves.
Une autre alternative consiste à opter pour les histoires audio. Confortablement installé dans son lit, l’enfant peut fermer les yeux et laisser son imagination l’emporter aux pays des songes. Certaines enceintes audio comme Merlin permettent aussi de contrôler le temps d’écoute via l’application parentale. L’enceinte s’éteindra automatiquement à l’heure programmée.
On espère que ces conseils vous auront été utiles. Et chez vous ça se passe comment ? Rendez-vous sur notre compte Instagram @merlin.audio pour partager votre expérience et vos lectures du soir !