Il rit à perdre haleine et l’instant d’après il quitte la pièce en claquant la porte. Si votre enfant exprime avec force sa joie ou sa colère c’est qu’il vit ses émotions intensément et que parfois elles le dominent. Comment aider les enfants à mieux comprendre ce qui leur arrive et à faciliter un retour au calme ?
Petit voyage aux pays des émotions et conseils aux parents par l’équipe Merlin !
Reconnaître ses émotions
Mettre des mots sur ce qu’ils ressentent aide les enfants à maîtriser leurs émotions.
Quelles sont les émotions de base ?
Pour celles et ceux qui ont vu le film de Pixar, Vice Versa, les émotions sont à jamais incarnées par des personnages colorés : joie, tristesse, colère, peur et dégoût. Mais si l’on se réfère à une terminologie scientifique, les émotions primaires comprennent également la surprise. Toutes ces émotions apparaissent au cours de la première année. Elles sont rapidement complétées par les émotions secondaires entre 15 et 24 mois : la gêne et la jalousie. Alors que le psychisme de l’enfant se développe, sa palette d’émotions s’enrichit.
Et lorsqu’il commence à expérimenter les règles en collectivité, il peut ressentir de la culpabilité, de l’embarras et de la fierté. Plus l’enfant grandit et murit plus ses émotions se développent et changent. Les peurs de la petite enfance s’estompent car il comprend mieux le monde qui l’entoure et décrypte des situations de plus en plus complexes.
Apprendre à l’enfant à reconnaître ses émotions et à les nommer
La maturité nécessaire à l’analyse des relations inter et intra personnelles fait l’objet d’un apprentissage. Pour un jeune enfant, les émotions des autres restent souvent inintelligibles. C’est en s’interrogeant sur son propre ressenti qu’il pourra mieux aborder les sentiments des personnes qui l’entourent. Dès la crèche, les auxiliaires et assistantes maternelles encouragent les enfants à exprimer leurs émotions. De même, le rituel d’accueil à l’école déleste les enfants de leurs tracas et ménage une transition vers la posture d’élève apprenant. Car la parole a des vertus thérapeutiques. Elle permet de faire entendre sa voix et donc d’exister aux yeux des autres et de soi-même.
Lorsqu’un enfant est en colère, il peut avoir du mal à se maîtriser. Ce que des observateurs extérieurs qualifient abusivement de « caprice » illustre davantage une incapacité à communiquer, à dire ce qui ne va pas, à imaginer une résolution à son problème. Les exemples sont nombreux, mais souvent les moments où l’enfant se met en colère exprime de la frustration. Frustration de ne pas réussir. Il, elle n’arrive pas à enfiler son manteau, ne parvient pas à dessiner un cercle, à tracer une lettre, à apprendre une poésie… La colère est d’autant plus intense lorsqu’elle se double d’un profond désespoir. La répétition d’un échec démultiplie encore cette colère.
Ces manifestations peuvent inclure des cris, des coups mais aussi la destruction ou le désordre. L’album Grosse colère de Mireille d’Allancé (l’école des loisirs) l’illustre très bien lorsqu’elle montre un petit garçon dépassé par une colère qui renverse tout dans sa chambre. D’ailleurs, la lecture peut se révéler un moyen très utile de verbaliser « à froid » autour de la colère ou d’une autre émotion.
Quels outils pour aborder les émotions de façon ludique ?
Jeux et psycho-drames pour vivre les émotions autrement
Ainsi, La couleur des émotions d’Anna Llenas , très apprécié des crèches et des écoles maternelles, aide les enfants à se représenter leurs émotions grâce à des monstres colorés. Afin de prolonger l’expérience du livre, Nathan a développé un coffret de jeux avec les fameux personnages. De cette façon les enfants s’approprient les différentes émotions à travers dix activités évolutives.
D’une manière générale, le jeu permet de dédramatiser et d’expérimenter toute la variété des émotions. Le mime par exemple et l’improvisation guidée par un adulte utilisent la technique du psycho-drame, fréquemment utilisée en thérapie. En faisant semblant de s’indigner, d’être triste ou jaloux, l’enfant peut explorer ses émotions sans être jugé ni se sentir coupable. Un bon moyen d’exorciser et d’objectiver les sentiments. Car à trop s’en méfier, ils peuvent dominer notre personnalité. Mieux vaut apprendre à vivre avec eux plutôt que de chercher à les combattre. À noter que même pour les caractères jugés difficiles, colérique, susceptible ou timide, le jeu offre un moment d’humour et d’autodérision bénéfique.
Comment un enfant exprime-t-il ses émotions ?
Lorsqu’on évoque les émotions des enfants, c’est souvent pour constater qu’elles sont fortes, débordantes, qu’elles les dépassent en somme. De fait, les enfants n’ont pas encore mis en place de stratégies pour en éviter la violence. Par exemple, dans une situation de conflit familial où la jalousie attise les affrontements, les enfants sont souvent démunis. Ressentir de la jalousie est un sentiment normal et humain pour lequel Françoise Dolto était souvent sollicitée. Elle répondait toujours aux parents qu’il ne fallait pas gronder les enfants mais plutôt user d’humour et retourner la situation. Quand un grand est jaloux de son petit frère ou de sa petite soeur et que les parents se moquent (gentiment) de leur bébé, bien souvent le grand prend sa défense !
Il ne faut pas oublier qu’une émotion n’est pas une opinion ni le fruit d’une réflexion. L’enfant qui dans sa colère nous dit qu’il nous déteste, ne demande qu’à être réconforté. Par cette provocation, il veut s’assurer de l’amour inconditionnel de ses parents, celui qui lui permettra de se construire et de devenir un adulte conscient de lui-même et de ses besoins.
Richmond Fajardo pour Unsplash
Si les enfants expriment brutalement leurs émotions, inutile de les réprimander. En revanche, on peut chercher avec eux comment ils pourraient les exprimer sans souffrir (ou faire souffrir les autres). Se sentir compris est fondamental pour amorcer un dialogue.